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Ma


GST AQUATIMER
TITANE

à moi

(référence 3536)

texte et photos par Bruno Cracco (sauf mention spéciale) - Décembre 2003

 


Il y a des montres que l'on découvre au hasard d'un clic ou d'une vitrine et que l'on s'offre comme ça, presque immédiatement sur un coup de tête. C'est ce qu'Alain, mon ami, le chronomaniac, pas le philosophe, a nommé CHI (Compulsion Horlogère Impulsive). La redondance du radical "pulsion" exprime fort bien le côté hormonal et reptilien du sentiment et la réaction qui suit est la seule possible : l'achat !

Il est d'autres montres par contre, que l'on n'achète pas au moment de la découverte, pour de nombreuses raisons : le manque d'argent au moment de la découverte, une réflexion un peu trop longue sur la réelle utilité de l'objet ou encore parce que l'on vient juste de s'offrir une autre montre et que l'on connaît une rémission.
Dans ce deuxième cas, deux scénarios peuvent être envisagés.

La IWC GST Aquatimer Titane est dans ce dernier cas pour moi.

Si l'on jauge ma collection de montres, il n'est pas nécessaire d'avoir une grande capacité d'analyse pour s'apercevoir que je suis particulièrement porté sur les montres sportives, et plus spécialement de plongée.

Je ne me souviens plus très bien quand ça a commencé et où j'ai découvert la IWC Aquatimer mais c'était il y a assez longtemps, plusieurs années en tout cas, sur TimeZone vraisemblablement. Je me rappelle avoir été séduit par la performance sur le plan de l'étanchéité, son aspect pour le moins massif et enfin par la couleur très particulière du titane dont elle est constituée.

Je me souviens également des nombreuses fois où je la voyais dans des boutiques ou sur des sites et, à chaque fois, je me disais : "elle est chouette quand même cette Aquatimer".
J'ai même demandé, il y a six mois environ une cotation à Markus Tshopp de Silvermagic. Mais je n'ai pas franchi le pas. Pourquoi ? Ben j'avoue que le prix demandé, même après la remise assez conséquente proposée par Markus me freinait. Le prix catalogue de cette IWC GST Aquatimer est de 3750,00€ (en Acier ou en Titane, indifféremment) au moment où j'écris ces lignes, et Markus me la proposait à 2750,00€.
Mais je trouvais l'addition un peu trop salée pour une montre simple (heure, minute, seconde et quantième), animée par un mouvement dérivé de l'ETA 2892-A2, fut-elle une IWC, étanche à 2000m et en Titane.

Dans mon esprit, l'IWC Aquatimer a toujours souffert de la comparaison avec ses concurrentes.

Comparée par exemple à une Omega Seamaster Professional Titane, étanche à 300m, animée par un mouvement basé sur le même ETA2892-A2 et proposée à 1600,00 € environ avec remise, ça faisait cher les 1700 mètres supplémentaires, surtout au vu de leur utilité. Il faut dire que la Seamaster propose une telle prestation pour le prix demandé que la concurrence a toujours souffert de la comparaison. Je me suis d'ailleurs offert, sur une impulsion que je ne regrette pas, une Omega Seamaster Professional, mais en acier.

Une autre concurrente de cette IWC Aquatimer est la Rolex Sea-Dweller. Pour presque le même prix catalogue que l'IWC, sur lequel par contre les remises sont beaucoup plus symboliques, on a une montre de plongée mythique, étanche à 1220m, parfaitement réalisée et animée par un mouvement de manufacture, le Rolex 3135.
La Sea-Dweller a été pour moi un énorme coup de foudre, une CHI donc, assouvie en quelques semaines, le temps de me décider à mettre les 3990,00€ demandés et de la trouver.

Il faut également évoquer la Breitling Colt SuperOcean Professional. Pour le même prix environ que la Seamaster Pro' on dispose d'une montre en acier brossé, étanche à 1524m, dotée d'un verre en saphir dont le traitement anti reflets est sans équivalent sur le marché, animée par un mouvement basé sur l'ETA2824-2 soit un peu moins raffiné que celui de l'Omega mais tout à fait honnête. J'ai également craqué sur cette Breitling et je me la suis offerte.

Chacune de ces concurrentes de l'IWC, pour ses raisons propres, m'avait séduit et poussé à franchir le pas, rejoignant ma collection, mais pas l'IWC… jusqu'à maintenant.

Je ne sais pas si cela est à mettre au crédit du fait que dans la quête sans fin dans laquelle je suis engagé avec ces histoires de montres j'ai atteint un stade auquel je n'ai plus de montre de plongée extrême à me mettre sous le poignet, toujours est-il que la GST Aquatimer me titillait de plus en plus. Son défaut principal à mes yeux, son prix élevé, commençait à ne plus suffire à l'écarter de mon chemin.

De plus, bien inconsciemment, j'avais commis une erreur : je n'avais jamais vraiment étudié l'Aquatimer, d'assez près du moins. Je ne l'avais jamais touchée, soupesée et passée au poignet. Même en diverses occasions où j'aurais pu demander à la voir lors d'une visite dans une échoppe, je n'avais pas franchi le pas. Pressentiment ?

Jusqu'à ce jour de novembre 2003 où, pour clore mon voyage de noce, je me rendais à Singapour, 3 jours.
Là bas, tout est plus facile. Les montres suisses de luxe pullulent et leur accès est grandement facilité car totalement désacralisé. On est très loin de l'ambiance feutrée et distinguée des show rooms parisiens. Les montres sont des objets de consommation étalés sans ordre ni mise en scène dans les vitrines. La concurrence entre les boutiques qui ne sont séparées que de quelques mètres a un effet très bénéfique, pour l'acheteur, sur les prix. On peut obtenir, sans trop d'effort et surtout sans que le vendeur ne vous fasse croire que vous êtes en train de le voler, une remise de 30 à 40% par rapport au prix catalogue français.
Je profitais donc de mon premier jour là bas pour rentrer dans l'un de ces grands centres commerciaux regorgeant de bijouteries-horlogeries. (pour plus d'information sur le shopping à Singapour, c'est ici)
Je déambulais donc, hypnotisé par tant de montres exhibées sans pudeur, dans le Lucky Plaza sur Orchard Road, quand mon regard s'est attardé sur la vitrine de Sincere Fine Watches.
Là, je voyais pour la cinquantième fois de ma vie cette fameuse Aquatimer Titane mais, contrairement à la France, je savais que plus qu'ailleurs, à Singapour, les prix sont négociables et très intéressants. La dernière barrière pouvait donc sauter.
Je poussais la porte de la boutique et en quelques secondes, je me retrouvais assis face à Wilson Lew, Sales Manager Assistant, une Aquatimer Titane dans les mains.
Et là, ce fut le coup de foudre ! Par pour Wilson, non, pour la montre.
Une rapide, agréable et courtoise négociation et la IWC GST Aquatimer Titane voyait ainsi son prix descendre de manière importante, la positionnant à 2202,00€, déduction faite de la GST (3,6%), équivalent de la TVA à Singapour.
Je demandais à réfléchir car c'était la première fois que je demandais le prix de cette montre à Singapour.
A partir de ce moment là, elle s'est mise à m'obséder encore plus. J'y pensais tout le temps et j'avais même peur qu'elle ne soit plus là quand j'y retournerais. C'est irrationnel car il y en avait vraiment partout.
Bref, le dernier jour de mon séjour là bas, je retournais chez Sincere Fine Watches, redemandais à la voir, rediscutais encore un peu le prix. Après avoir obtenu quelques dizaines d'Euros de mieux, je sortais la carte bleue et je lâchais 2209,00€, GST incluse.
Et bien, je peux maintenant vous dire que si j'avais passé cette montre au poignet plus tôt, je me la serais offerte, et pas à ce prix ! Pourquoi ? Voilà pourquoi…

Vue d'ensemble


La IWC GST Aquatimer Titane fait partie de la série GST d'IWC. Le sigle GST veut dire "Gold / Steel / Titanium". En réalité, il correspond plus ou moins à la gamme sport de chez IWC, lancée en 1997.
L'Aquatimer existe en deux métaux, l'acier et le titane. Elle n'existe pas en or, et vu la taille de la bestiole, on comprend que la masse aurait été tellement élevée qu'outre les risques de déformation de la colonne vertébrale, il aurait alors fallu un permis de port d'arme pour arborer une telle massue au poignet.
Au delà de l'attrait que j'ai pour ce matériau, j'ai toujours préféré la version en titane car c'est celle qui est la plus digne héritière de la Ocean 2000, que l'Aquatimer a remplacé en 1998.
En effet, en 1980, l'Ocean 2000 dessinée par F.A. Porsche a été la première montre de poignet, de série, entièrement réalisée en Titane. Elle était étanche à 2000m, ce qui constituait jusqu'à récemment un record absolu pour une montre de poignet mécanique.


IWC Ocean 2000 (1981)
Son design particulier et daté, réalisé par F.A. Porsche

image d'origine IWC
(catalogue 2003/2003)


Depuis, en 2002, Breitling a sorti la Avenger SeaWolf, en titane également, et qui est donnée pour 3000m.

La Ocean 2000 a été dérivée en une version spéciale (aiguille des minutes rouge) qui a équipé les forces armées Allemandes, c'est la version "BUND" qui est maintenant très recherchée. L'Ocean "BUND" a aussi été fournie dotée d'un mouvement à quartz, confirmant s'il en était besoin que ce sont bien les performances exceptionnelles du boîtier qui avaient conduit à choisir cette montre pour équiper les nageurs de combat d'outre Rhin.

Ce qui frappe au premier abord lorsque l'on découvre cette Aquatimer, c'est son design dénué de fioriture, ses formes géométriques, son aspect massif et la qualité de sa réalisation d'un très haut niveau. Bien sûr, pour la version en titane, le poids réel de cette pièce pourtant imposante surprend dès le premier instant. Mais nous allons voir cela en détail dans les lignes qui suivent.

La boîte

La boîte, massive, est réalisée dans un bloc de titane.



Le titane est un métal qui offre des caractéristiques mécaniques et chimiques très intéressantes. Je ne vais pas me lancer dans trop de considérations métallurgiques mais il est intéressant de s'arrêter un instant sur certaines des caractéristiques de ce surprenant métal, surtout celles qui ont un impact dans le domaine de l'horlogerie.
Pour commencer, ce qui se perçoit le plus facilement est sa faible densité : 4,5 kg / dm3 (celle de l'acier est de +/- 8 kg/dm3). Ce qui fait qu'avec des cotes identiques et la même quantité de matière, une montre en titane est plus légère de plus de 40% par rapport à la même en acier. Et au poignet, ça se sent vraiment. Habitué aux pièces en acier et s'attendant à une masse conséquente vue la taille de la montre, on a presque l'impression qu'elle est en plastique lorsque l'on s'en saisit pour la première fois.

Ensuite, la conductibilité thermique du titane est plus de dix fois inférieure à celle de l'acier. Ceci se traduit pour le porteur de la montre par une moins grande impression de froid lorsque l'on passe la montre au poignet après l'avoir laissée sur la table de nuit. En effet, le titane prélève plus lentement la chaleur de la peau que l'acier et il en résulte une impression de chaleur du métal.

De plus, son aptitude à se passiver par la formation d'un film protecteur d'oxyde à sa surface donne au titane une résistance exceptionnelle à la corrosion et aux attaques chimiques, ainsi qu'à l'agression par des fluides chargés de particules abrasives, comme par exemple le sable dans l'eau de mer. De plus, il résiste parfaitement à tous les milieux naturels (atmosphère, eau de mer,...) et à de nombreux produits chimiques, en particulier à ceux qui contiennent du chlore. Mais il résiste mal à certaines solutions chaudes ou concentrées (Acide chlorhydrique, acide sulfurique et acides organiques). Vous voilà prévenus : si vous prévoyez de vous asperger d'acide, évitez de porter une montre en titane. Sinon, aucun souci.

Enfin, il est totalement amagnétique, ce qui pour nos petits mouvements à base de ressorts est un avantage non négligeable.

L'inconvénient principal du titane brut est sa propension à se rayer. Mais IWC, pionnier dans l'utilisation du titane en horlogerie, fait subir à son titane un traitement de surface particulier qui a pour résultat d'offrir à ses montres en titane une résistance aux rayures meilleure que celle de l'acier 316L. Ce traitement procure également une couleur un peu plus cuivrée que pour le titane non traité, que personnellement j'aime beaucoup.


Les carrures brutes d'usinage
image d'origine IWC
(catalogue 2003/2003)

La boîte en titane de l'Aquatimer est intégralement satinée. La finition est parfaite dans le registre "outil" haut de gamme. Rien à voir avec les jeux très maîtrisés de finition que l'on peut voir sur certaines montre en acier telle l'Omega Seamaster Pro. Non, c'est beaucoup plus basique mais parfait et très régulier.
Les dimensions de la montre sont impressionnantes : Le diamètre théorique de la boîte est de 42mm, la longueur, de corne à corne, est de 48mm et la largeur, incluant la couronne, est de 45,5mm.
La montre est donnée pour une résistance à la pression qui règne à 2000m de profondeur, soit 200 bars. 200 bars, ça représente 200 kg de pression par centimètre carré. C'est énorme !
Du coup, le plus impressionnant reste l'épaisseur de la boîte qui est de 14,5mm. Curieusement, c'est 3 dixièmes de millimètre de moins que la Rolex Sea-Dweller mais au jugé, on a l'impression que l'IWC est plus épaisse. Ceci est probablement dû pour beaucoup à la forme conique du fond de la montre.

Cependant, une fois au poignet, cette impression disparaît étrangement. La plongée du fond conique entre le cubitus et le radius (les deux os constituant l'avant bras pour ceux qui ont séché les cours de science-nat') a deux avantages : un "écrasement" visuel de la montre et un ancrage ferme sur le poignet. Car une fois retirée l'épaisseur du fond qui s'enfonce dans le poignet (ça fait pas mal, je vous rassure), la montre ne fait plus en apparence que 9mm d'épaisseur. Et ça, c'est très faible.
La pente des "cornes" qui descendent sur le côté du poignet participe également à la diminution visuelle de cette épaisseur théorique.
Cela confirme d'ailleurs que l'épaisseur théorique d'une montre couchée sur le papier glacé des catalogues ne veut pas dire grand chose : les proportions, la forme générale de la boîte dont la pente des cornes et la forme du fond démentent quasi systématiquement cette première impression.

Le fond de la boîte est en titane massif également et il est bien sûr vissé. Le fond est percé de huit trous qui permettent de positionner l'outil servant à le dévisser.

En son centre est gravé un logo représentant un sous-marin et ses reflets dans la mer. Ce logo est entouré de l'inscription "INTERNATIONAL WATCH Co. SCHAFFHAUSEN". C'est également sur le fond qu'est gravé, certainement au laser, le numéro de série à sept chiffres de la montre.

La boîte aux formes géométriques de cette Aquatimer titane est un modèle de design : Ses formes et son ergonomie font que la première impression quant à son épaisseur disparaît dès que la montre est placée là où elle est faite pour reposer, c'est à dire sur le poignet. La finition, sans être sophistiquée est parfaite et la couleur du titane satiné traité est très particulière. Le confort au porter est exceptionnel grâce en particulier au poids très contenu de cette version en titane.

La Lunette

La lunette de cette IWC vaut la peine qu'on s'y arrête un petit peu. En fait, en y réfléchissant à posteriori, je me rends compte qu'elle a, depuis le début, largement contribué à l'attrait que cette montre présentait pour moi.
C'est une lunette de type plongeur, unidirectionnelle à crans par pas d'une minute.
Vu de face, elle présente une finition noir mat, sur lequel tranchent les inscriptions couleur titane.
Sa réalisation est une prouesse.
Elle est taillée dans la masse, en titane bien sûr, et le tour est cranté pour faciliter la préhension. Ce crantage aux arrêtes vives (ce sont des micro pyramides aussi appelées diamants), sur deux rangs, est très fonctionnel et contribue à l'impression générale orientée outil que donne la montre.

La partie peinte en noir mat est en creux et les inscriptions, chiffres et index, sont en relief et font partie de la pièce. Une chose est sûre, les inscriptions ne sont pas près de s'effacer. Même si la peinture noire venait à disparaître, les chiffres en relief resteront visibles.


Détail de la gravure dans la masse des index de la lunette

Le crantage du tour de la lunette est interrompu autour de 12h entre -3 et +3 minutes. Cet effet de style n'a pas de fonction particulière si ce n'est, peut-être, d'avoir permis à IWC de placer un point luminescent de grande taille, protégé par un cerclage taillé dans la masse et une petite vitre.


L'index lumineux à 12h
avec son cerclage protecteur

Les marquages des minutes vont jusqu'à 15 minutes et la première minute n'est pas marquée, à cause de la taille du point lumineux. Les inscriptions sont 20, 30, 40 et 50, avec des traits marquant les intervalles de 5 minutes.

Pour faire tourner cette impressionnante lunette, il faut appuyer dessus de deux côtés opposés ce qui a pour effet de l'enfoncer d'un millimètre environ. En l'enfonçant, on libère les crans qui sont constitués de deux anneaux crénelés l'un en face de l'autre. Un ressort, que l'on écrase donc en appuyant sur la lunette, les cale l'un dans l'autre : C'est un crabotage. Il est clair qu'une rotation accidentelle de la lunette est absolument impossible. Le crabotage se fait alors que les index de la lunette sont impeccablement alignés avec ceux du cadran. Ceci traduit une très bonne maîtrise de l'assemblage et du positionnement du cadran et de la lunette.

La lunette est maintenue en place par quatre petites vis sur le côté. IWC a la délicate attention de fournir avec la montre un petit tournevis pour démonter cette lunette et conseille même de le faire de temps en temps pour nettoyer le mécanisme.

Prenant cela pour une opération de maintenance courante de la montre, j'ai eu l'excellente (croyais-je) idée de démonter la lunette pour faire des photos du système de blocage. Jusqu'où n'irais-je pas pour informer mes lecteurs ?
J'étudie donc les vis et je constate au passage que le côté de la lunette, sous les crantages, est peint de la même peinture noire matte que la lunette. Je décide donc de me lancer, petit tournevis fourni avec la montre en main.


l'Une des quatre petites vis de 0.8mm.
On peut noter au passage la peinture noir mat sur le côté de la lunette

Ames sensibles et cœurs fragiles ou appareillés, passez ce chapitre.

Ce que je croyais alors être une formalité s'est transformé en véritable cauchemar, dès la première vis.
En effet, lors du dévissage de la toute première vis, celle qui est à 45 minutes, voilà qu'elle commence à résister alors qu'elle n'est qu'à moitié dévissée.
J'insiste un peu, puis devant son refus de continuer à sortir, je décide de renoncer à mon idée que je commençais déjà à trouver beaucoup moins excellente. Je commence à la revisser pour la remettre en place, et là, elle résiste aussi. Je force un peu, trop sûrement, quoique, et la tête de la vis explose en deux, le tournevis ripe et la lame se casse !

Et je me retrouve comme un couillon avec mon tournevis cassé dans la main, face à une vis partiellement sortie et dont il manque la moitié de la tête !
Je commence à transpirer à grosses gouttes, à me traiter de tous les noms et je saute sur ma loupe 10x (que j'ai toujours avec moi quand je fais une revue) pour mesurer l'étendue des dégâts. Elles font 0,8mm de diamètre ces putains de vis, j'aurais dû me méfier ! Mais c'est trop tard, la catastrophe a eu lieu !
Après cinq minutes d'angoisse et d'inspection minutieuse, je constate avec soulagement que, heureusement, la lunette et la carrure n'ont rien. Ouf !
Mais en l'état, la lunette n'est plus fonctionnelle puisqu'elle ne peut plus s'enfoncer, et donc tourner. De plus, ça la fout mal d'avoir cette vis qui dépasse.

Mon rythme cardiaque ayant retrouvé une valeur à peu près normale, je peux de nouveau réfléchir. Je décide donc de sortir cette vis cassée puisque maintenant elle est de toutes façons foutue. J'ai un peu l'habitude de ces démontages auxquels la vis ne survit pas, ayant fait mes armes sur des vis soudées à des blocs moteur par la chaleur. Je vais chercher mon jeu de tournevis de précision tout neuf acheté chez Selva et reçu quelques jours avant, et j'entreprends de retirer cette vis moribonde, symbole patent de mon échec.
Après 10 minutes d'efforts très minutieux et stressants, je parviens à retirer cette saloperie de vis, sans abîmer ni la lunette, ni la carrure ! Re-Ouf !

La lunette de mon Aquatimer ne tenant plus que par trois vis sur quatre, je commence à préparer le discours que j'allais tenir, un peu honteux, à un horloger IWC pour lui demander d'avoir la gentillesse de me remettre une vis, sans renvoyer la montre en Suisse.
C'est alors que je regarde ce satané tournevis IWC et je découvre que dans l'effort, le haut du manche s'est légèrement dévissé. Je le dévisse entièrement, renverse le tournevis et en sortent deux lames de rechange ! Sympa IWC, ils ont même pensé que l'on pourrait avoir besoin de réparer le tournevis. C'est chouette de leur part, mais des vis de rechange, Monsieur IWC, ça aurait été encore mieux ! Et là, dans un geste s'apparentant à celui d'un magicien avec sa baguette magique, je frappe le manche décapité contre la table. Abracadabra ! Quatre petites vis toutes neuves en sortent ! Alléluia ! Ils ont vraiment pensé à tout, je suis sauvé. Merci Monsieur IWC !
Je revisse donc l'une de ces vis providentielles, non sans mal d'ailleurs, et voilà ma lunette comme neuve, avec ses quatre vis !

Bon, dans la bataille j'ai donc perdu, une bonne demi-heure, deux litres de sueur, une vis de 0.8mm, une lame de tournevis et ma confiance dans les conseils de IWC quant à l'entretien de mon Aquatimer. Par contre, IWC a gagné mon respect éternel pour le sérieux du kit accompagnant la montres.


les deux victimes de la bataille !

Un peu vexé par cet échec, j'ai quand même ausculté avec ma loupe 10x les trois autres vis de la lunette, celles que je n'avais pas touchées. Et je me suis rendu compte qu'elles étaient toutes marquées et déformées par l'effort qu'avait dû fournir l'horloger de IWC pour les visser. J'ai donc regagné un peu de fierté constatant que ces vis posent des problèmes même aux horlogers de chez IWC qui doivent pourtant faire l'opération plus souvent que moi.

Par contre, je ne comprends toujours pas pourquoi IWC considère cette opération comme possible pour un utilisateur normal. Mystère…

C'est donc une très bonne lunette, réalisée avec un souci du détail assez impressionnant et une volonté de faire une pièce durable et très solide. Mais si vous voulez la démonter, c'est à vos risques et périls !

La couronne

La couronne de cette Aquatimer est positionnée à 3h, ce qui vous en conviendrez n'est pas très original. Par contre, ce qui l'est, c'est que cette couronne n'est pas protégée par des épaulements. Ce choix, certainement esthétique avant tout peut paraître étrange. En effet, toutes les montres de plongée dignes de ce nom sont dotées de ces appendices autour de la couronne.


La couronne, de bonne taille,
mais sans épaulement

J'avoue que ce détail m'avait gêné un temps avant d'avoir la montre, puis c'est comme tout, on s'y fait. De plus, il est indéniable que l'esthétique de la montre aurait beaucoup souffert de ces excroissances et elle aurait alors rejoint le contingent des montres de plongées normales, c'est à dire dissymétriques. Cette Aquatimer est donc un peu plus vulnérable aux chocs que ses concurrentes mais elle sort du lot ! Tant pis, je ferai gaffe à ne pas la cogner trop fort.

Sinon, cette couronne est massive, en titane, et bien sûr vissée. Elle est rainurée sur toute son épaisseur et du fait de l'absence de protection, elle est particulièrement facile à attraper et à manipuler.

L'impression de solidité lors du dévissage et une fois dévissée est excellente. Une fois tirée sur le premier cran, et à fortiori sur le second, elle devient un peu plus facile à plier… c'est pas super rassurant mais ça n'est pas grave non plus.
Le tube de tige de remontoir est en acier, son extrémité est conique et on l'aperçoit lorsque l'on tire la couronne.

La couronne est assez grosse puisqu'elle fait 6mm de diamètre et 3mm d'épaisseur. Elle porte en son extrémité, sur la culasse (c'est le nom de cette partie, je l'ai appris très récemment) le petit poisson stylisé que peuvent arborer les modèles étanches de IWC.

Depuis toujours, il me fait penser à celui des Témoins de Jéhovah, mais je pense qu'il n'y a pas de rapport.
Détail amusant, lorsque l'on revisse la couronne, le petit poisson s'arrête toujours dans la même position, c'est à dire parfaitement horizontal, regardant vers vous. Là, IWC fait plus fort que Rolex dont la couronne à cinq branches finit toujours de travers.

Bon, cette couronne n'est pas au niveau de la couronne de la Rolex Sea-Dweller, référence en la matière, mais c'est une très belle réalisation quand même. Et puis Rolex, c'est leur logo, ils se devaient d'être irréprochables, voire Royaux sur ce point ;o)

 

La glace

La glace de cette Aquatimer a pour tâche de résister à une pression de 200 ATM. Je rappelle que ça fait 200 kg / cm².
Pour illustrer ce qu'endure la glace (et la montre d'ailleurs) à cette profondeur je vous propose une petite expérience :
Vous posez la montre à plat sur le sol.
Vous prenez un dé pour jouer de 1cm d'arrête et vous le posez bien au centre de la glace.
Vous prenez une bonne planche en bois et vous la posez sur le dé. Débrouillez-vous pour qu'elle tienne.
Vous appelez votre femme, vos deux enfants et vous les invitez à monter sur vos épaules (vos enfants vont adorer, votre femme, je ne sais pas)
Vous montez sur la planche avec toute la petite famille bien accrochée à vos épaules.
Voilà ! La glace va résister et la montre ne va même pas se déformer ! Incroyable non ?

Oups… j'ai oublié de préciser que ça ne fonctionne qu'avec une Aquatimer… j'espère que vous n'avez pas fait ça avec une Calatrava …

Bon, je vous laisse vous expliquer avec Madame mais dites lui que c'est pour la science. Et puis au pire, rejetez la faute sur moi, je ne compte plus les femmes qui m'accusent d'avoir fait dilapider l'argent du ménage par leur mari en lui faisant acheter une montre, suite à la lecture de l'une de mes revues. J'ai bon dos bande de lâches ;o)

Revenons à notre sujet. Pour résister à cette contrainte donc, IWC monte sur l'Aquatimer une glace en saphir, donc quasi-impossible à rayer, bombée à l'extérieur, plate à l'intérieur et qui fait 3,2 mm d'épaisseur. Elle n'est pas traitée contre les reflets, ni à l'intérieur (ce qui évite les reflets des aiguilles et marquages), ni à l'extérieur. Cependant, l'heure reste lisible dans quasiment toutes les positions. Ceci en grande partie grâce au bombé de la glace.
Et puis, si vous êtes gêné par les reflets au point de ne plus pouvoir lire l'heure, bougez le bras ;o)

La glace est d'ailleurs le siège du test d'étanchéité de la montre. IWC explique la procédure dans son catalogue et je vous en livre la substance.
La première étape va consister en une immersion de la montre, fermée mais sans mouvement, dans de l'eau dont la pression est portée à 200 bars. Elle reste ainsi pendant quelques minutes puis elle est sortie de l'eau.
Elle est alors chauffée, puis une goutte d'eau froide est déposée au centre de la glace. Si la moindre trace de buée apparaît, la montre est recalée.
Si elle passe ce premier test, le mouvement est monté à l'intérieur et le test est refait.
Si elle passe de nouveau le test, elle est déclarée bonne pour le service et mérite alors sa couronne à la culasse frappée du logo des Témoins de Jéhovah.
Un autre test est mené pour vérifier si la glace est bien montée et s'assurer qu'elle ne va pas sauter lors d'une dépressurisation. La montre est placée assemblée dans le vide (enfin, presque, à 0,1 ATM) et s'il est détecté la moindre déformation ou mouvement de la glace, la montre est recalée.

Une très belle glace en saphir, d'une épaisseur très respectable de 3.2 mm et qui par son bombé, se fait oublier sauf sous certaines conditions, un peu extrêmes.

 

Le cadran

Le cadran de la IWC GST Aquatimer Titane est d'une très grande sobriété et sa lisibilité est exceptionnelle. IWC a fait son cheval de bataille des montres de pilotes, donc très lisibles par leur cahier des charges, et l'expérience acquise en ce domaine se ressent sur cette Aquatimer, pourtant destinée aux plongeurs.
Un contraste maximum est obtenu par la combinaison classique mais efficace d'un fond noir mat et de marquages blanc mat.


Une lisibilité exceptionnelle
due a une très grande simplicité

La littérature est réduite au minimum nécessaire.
A 12h, on peut lire la signature du fabricant, c'est à dire "IWC", souligné par "SCHAFFHAUSEN". Comme ça on sait qui fait cette superbe montre et où il est installé si on veut lui passer un coup de fil pour la commander.
Au 6, très simplement "2000m", puis "AUTOMATIC" et enfin "AQUATIMER".
Grâce à ces inscriptions, on est fixé sur les performances de la bête, on sait qu'il ne sert à rien de la remonter et enfin, on apprend comment elle s'appelle pour passer la commande.
Enfin, dans la piste des minutes au 6, on peut lire le bon vieux "SWISS MADE" si on s'était posé la question de la localisation de Schaffhausen. Ben c'est en Suisse, au Nord-Est, mes amis, pas en Allemagne comme beaucoup le croient.
Pour le reste, ben il faudra demander ou lire la documentation fournie avec la montre.

Les marquages sont sans fantaisie, que du fonctionnel.
Les minutes sont matérialisées par de fin bâtons de 2mm de long environ. Les heures sont marquées par des rectangles luminescents de 1,5mm de large sur 3 mm de long environ. Ils sont tous identiques, à l'exception de celui à 3h qui est plus court pour laisser la place au guichet du quantième, et celui de 12h qui lui est double, augmenté d'un biseau en bas. Cette différence permet de savoir où se trouve le 12 dans le noir lorsque la montre ne se trouve pas à votre poignet.
La peinture luminescente est de type SuperLumiNova et ses performances sont celle de ce produit désormais classique. Le matin, après une nuit d'obscurité, l'heure reste lisible au prix d'un léger effort d'accommodation. A la lumière, elle est parfaitement blanche, dans l'obscurité, elle émet une lumière vert pâle.

Le dessin des aiguilles a également été dicté par une recherche de la sobriété et de l'efficacité. Les aiguilles des heures et des minutes sont deux bâtons, tous simples, assez larges, terminés par une pointe très courte. L'aiguille des minutes est particulièrement longue puisqu'elle s'arrête au milieu des marquages des minutes, à moins de 2 mm du bord du cadran. Celle des heures est plus courte mais plus large.
Elles sont toutes les deux peintes en blanc mat et une gorge rectangulaire presque aussi large et longue que l'aiguille est remplie de peinture luminescente.
La trotteuse centrale est une baguette très fine (signature des cadrans IWC) et très élégante, peinte en blanc mat comme ses sœurs, mais dépourvue de SuperLuminova. Elle est encore plus longue que l'aiguille des minutes, s'arrêtant à moins d'un millimètre du bord du cadran. La partie "morte" (celle qui est de l'autre côté de l'axe par rapport à la pointe utile) de l'aiguille est un triangle de 4 ou 5mm de long et qui sert de contrepoids.

Inutile de dire que tout ça est réalisé avec soin et que l'examen à la loupe 10x ne révèle aucun défaut à part, si on veut pinailler, une très légère erreur de centrage des index des heures (qui ont l'air appliqués) par rapport aux bâtons des minutes, comme si l'ensemble avait tourné d'un quart de pouillème de dixième de degré, dans le sens horaire pour la droite du cadran, dans le sens anti-horaire pour la gauche du cadran. Ceux du 6 et du 12 sont, eux, parfaitement alignés.

Le guichet de la date est au 3, il est rectangulaire et ses bord sont biseautés. La date est imprimée en blanc sur fond noir brillant ce qui permet de ne pas déséquilibrer le cadran.

Un très beau cadran en résumé, comme je les affectionne particulièrement et qui participe beaucoup au côté outil de la montre.


Le Bracelet

Le bracelet de l'Aquatimer est réalisé dans le même matériau que la carrure de la montre, donc en titane pour la mienne.
La finition du bracelet est identique à celle de la boîte : un sablé intégral très maîtrisé avec traitement de surface pour durcir le titane qui lui confère cette couleur légèrement cuivrée.

Autant le dire tout de suite, ce bracelet est une merveille. Il est constitué de maillons massifs, en deux parties, de largeur décroissante (25mm au niveau de la boîte, 18mm au niveau de la boucle), et d'une épaisseur constante de 3mm environ. Chaque maillon est en deux parties, l'une en "I", l'autre rectangulaire.

Ces maillons sont assemblés par des axes non vissés mais arrêtés par un ingénieux et très pratique système de poussoir. Les axes, en titane également, sont cylindriques et munis d'une gorge en leur milieu. Un poussoir, repoussé par un ressort et qui se trouve sur la face intérieure du maillon rectangulaire, bloque l'axe en place grâce à un ergot qui rentre dans la gorge de l'axe lorsque le poussoir est relâché, en position de repos.
Pour démonter un maillon, il suffit d'appuyer sur le poussoir au moyen de l'un des chasses goupille doré fourni avec la montre tout en appuyant sur l'extrémité de l'axe avec l'autre. Il n'est même pas nécessaire de forcer, ça sort tout seul.
Pour remettre l'axe, on appuie sur le poussoir, on l'introduit dans l'alésage, on le pousse, on relâche le poussoir et voilà, c'est joué. C'est tout simplement enfantin ! Rien à voir avec le démontage de la lunette. De plus, cela limite grandement le risque d'abîmer les maillons lors de la mise à la taille du bracelet, ce qui malheureusement arrive trop souvent, même avec les maillons vissés (tournevis qui ripe… si vous voyez ce que je veux dire).


Démontage d'un maillon.
Le chasse goupille du bas appuie sur le poussoir (on le voit au bout)
et celui du haut chasse l'axe

L'ajustement de la longueur du bracelet se fait par maillons entiers, ou par demi maillon au moyen d'un maillon qui fait une longueur équivalente à un maillon et demi.

C'est un bracelet dit intégré, c'est à dire que le "premier demi maillon" fait partie intégrante de la boîte. Cela empêche de monter un autre bracelet que celui d'origine ou alors il faut commander chez IWC des deuxièmes demi maillons permettant de monter un bracelet à pompe/barrette classique sur la montre. La fixation du deuxième demi maillon à la boîte est également réalisée au moyen du système d'axe avec poussoir.

La boucle est de type déployante, bloquée par un poussoir latéral très discret. Elle est intégralement réalisée en titane, lames y compris. Elle n'est pas sécurisée par un étrier, ce qui peut paraître curieux pour une montre de plongée mais sa conception la rend quasi-impossible à ouvrir par accident. Fermée, elle est invisible, seulement trahie par les trois lettres IWC gravées dans la masse.

Les deux lames sont courbes évidemment, parfaitement emboîtée l'une dans l'autre en position fermée. La lame intérieure (celle qui est contre la peau) est dotée de rebords arrondis qui remontent et enveloppement la lame extérieure, ce qui évite le contact de la peau avec une arrête vive et permet d'atteindre un niveau de confort excellent.
La seule pompe de la montre sert à solidariser la lame extérieure à la boucle.

Il faut d'autre part admettre que le traitement que fait subir IWC au titane est d'une efficacité redoutable car après trois semaines, ni le bracelet ni la boucle n'ont une seule rayure, même microscopique !

Au porter, le confort de ce bracelet est excellent, il ne tire pas du tout les poils, aucune arrête vive ne vient agresser le poignet et il est très fluide.

Un bracelet vraiment exceptionnel dans sa conception mécanique, sa réalisation et son confort qui montre le goût prononcé d'IWC pour la belle mécanique, d'une part, et sa maîtrise de l'ergonomie d'autre part.

Le Mouvement


image d'origine IWC

Le mouvement qui anime cette IWC Aquatimer est simple et classique : heure, minute, seconde centrale et quantième. Pas de complication ni de chichi.
Il est baptisé, en interne, " Calibre IWC C.37524 ".
Derrière cette noble appellation se cache un très bon, mais néanmoins classique et un peu galvaudé, ETA 2892-A2.

L'ETA 2892-A2 est une ébauche haut de gamme dans les mouvements simples de chez ETA. Particulièrement fin, il est capable de belles performances, même dans sa version "stock", comprendre sortie d'atelier.
Il est fiable, précis et puissant. Tellement puissant d'ailleurs qu'il est souvent utilisé comme tracteur de plateau additionnel dans des montres à complication, qui vont du Chronographe (certains provenant même de chez ETA directement tel le 2894) au quantième perpétuel (IWC Da Vinci par exemple).

Pour être exact, IWC n'achète pas à ETA le mouvement monté mais le kit 2892 et en assure le montage après avoir retravaillé les pièces assez profondément dans ses ateliers.

Cette pratique offre l'opportunité aux fabricants d'apporter plus ou moins de leur savoir-faire dans la préparation des mouvements et ainsi de se différencier les uns des autres, bien que travaillants sur les mêmes bases. Malheureusement, cette démarche risque fort d'être mise à mal par la nouvelle stratégie de ETA qui a décidé, récemment, de ne plus livrer ces fameux kits à ses clients/concurrents, mais uniquement des mouvements assemblés.
Bon, ce n'est pas forcément une catastrophe irréversible qui signe la mort de tous les fabricants de montre qui dépendent d'ETA pour leurs mouvements. Cela poussera IWC à, soit acheter des mouvements assemblés et ajouter une opération de démontage préalable, soit s'approvisionner ailleurs, et pourquoi pas au sein du groupe Richemont, chez Jaeger LeCoultre par exemple. Des mouvements Jaeger LeCoultre ont, et continuent d'ailleurs, à animer certains modèles de IWC. Peut-être même héritera t'elle d'un mouvement entièrement Maison, l'Aquatimer devenant ainsi une montre de Manufacture ?
On verra ce que cette redistribution des cartes va donner dans les mois à venir, mais dans le cas particulier de l'Aquatimer, le mouvement n'étant pas une des caractéristiques majeure et mise en avant par le marketing autour de ce modèle, ça ne devrait pas changer grand chose. Sauf bien sûr si elle accédait au statut envié de montre de Manufacture. Mais ça, on peut compter sur le marketing d'IWC pour nous le faire savoir.

Pour l'instant en tous cas, l'Aquatimer abrite le " Calibre IWC C.37524". Les interventions réalisées par IWC dans ses ateliers sur la base du kit 2892 sont :


Le test femto-second
image d'origine IWC
(catalogue 2003/2003)

 

Sinon, ses caractéristiques physiques sont celle d'un ETA 2892-A2 :

Le IWC C.32524 ne fait pas l'objet d'une certification par le COSC. Ceci dit, aucun mouvement de la Maison ne fait l'objet d'une telle certification. C'est un choix et par ce refus de se plier aux exigences de la tendance actuelle imposée par le marketing, IWC peut s'éviter la lourde tâche d'encombrer le cadran de ses montres d'un "Superlative Chronometer Officially Certified".

En réalité IWC a une politique très claire et revendiquée sur ce sujet : ils font eux même les tests qu'ils qualifient de plus rigoureux que ceux du COSC et surtout, ils ne permettent pas à une montre d'accuser un retard de marche, ce que le COSC autorise en théorie (jusqu'à -4 sec. Par 24h). Leur fourchette de tolérance est donc exclusivement vers l'avance : de +0 à +7 sec. par 24h.

Pour moi, c'est une bonne chose. En effet, afin de ne jamais être en retard, il vaut mieux une montre qui avance un peu qu'une montre qui retarde et je me suis toujours demandé pourquoi le COSC acceptait une telle dérive si peu "sécuritaire".
Les tests IWC se basent sur une mesure dans 5 positions (le fameux "Adjusted 5 positions") qui sont : couronne en bas, couronne à gauche, couronne en haut, cadran en bas et cadran en haut

Bref, bien que n'étant pas "COSCé" comme on dit maintenant, à l'usage ce mouvement se révèle très efficace : Il donne l'heure, et avec une régularité de marche très acceptable puisqu'il avance de 4 secondes par 24 heures, avant rodage. Je vais attendre qu'il soit rôdé avant de tirer des conclusions définitives mais c'est de bonne augure.
La date saute à minuit pile, mais vraiment pile ! Joli réglage des aiguilles.
Par contre, elle se décale de quelques degrés à partir de 23h45. Comme dirait Omega, ça permet de savoir en cette période transitoire que la date n'a pas encore sauté, et que c'est donc celle d'aujourd'hui. Ben non, pas celle d'hier puisqu'elle saute à minuit pile et comme elle avance, c'est forcément celle d'aujourd'hui !

La boîte, les outils et les papiers

Je me suis offert cette montre à Singapour et là bas, comme je le disais plus haut, on est assez loin de l'ambiance feutrée et un peu sacrée des boutiques de luxe parisiennes. Au moment de retrouver le package qui accompagne la montre, mon vendeur a eu quelques peines à remettre la main dessus. Il a fouillé dans un tiroir, puis un autre, et ne parvenant pas à le retrouver, il a demandé à un autre vendeur d'aller voir derrière s'il ne trouvait pas la boîte.
Au bout de 10 minutes, alors que nous étions en train de finir les papiers, le gars est revenu avec une boîte en plastique noir, la sur-boîte en carton blanc, les manuels et les petits outils pour démonter les maillons du bracelet.
Comme ce jour là je portais ma Zénith De Luca et que, bien évidemment, je voulais mettre ma nouvelle acquisition, après avoir réglé le bracelet, il entreprit de ranger la De Luca dans la boîte de l'Aquatimer. Devant le refus de la boîte à bien vouloir se laisser fermer avec la Zénith à l'intérieur, il est parti chercher une autre boîte, et il a remisé celle qui normalement allait avec l'Aquatimer.
Au passage, sur ces entre faits, le gars qui avait amené la première boîte est revenu avec le (satané) tournevis qu'il avait oublié de prendre la première fois (ils sont peut-être un peu brouillon, mais très consciencieux et honnêtes ces gens là).


Le kit qui accompagne la montre avec
les deux chasses goupille, le tournevis (argh !) et les maillons supplémentaires

La boîte dont j'ai hérité du coup est beaucoup plus luxueuse que la boîte d'origine de l'Aquatimer. C'est une boîte recouverte de plastique façon cuir blanc (alors que celle de l'Aquatimer est en plastique brut, noire) et l'intérieur est drapé de plastique noir, façon cuir. Dans le couvercle, en haut, on peut lire "IWC" puis en dessous, en lettre ronde très 19 ème, "International Watch Co Ltd, Schaffhausen, Switzerland" et enfin, "Since 1868". Un petit coussin recouvert de la même matière qui s'insère dans un trou rectangulaire permet de ranger la montre.
Enfin, elle est dotée d'un petit verrou doré qui a permis d'enfermer la De Luca alors que la boîte de l'Aquatimer n'en disposait pas.

La montre est d'autre part livrée avec deux manuels, l'un pour accompagner la garantie internationale d'un an et qui recense les centres agréés pour faire entretenir la montre, l'autre, spécifique à l'Aquatimer et dans lequel ils donnent des conseils pour entretenir la montre. Ne les écoutez pas, le démontage de la lunette est une galère !
La garantie et une petite carte en plastique façon carte de crédit.

Conclusions

La GST Aquatimer Titane est une montre de records. Elle est étanche à 2000m, elle descend directement de la première montre en titane produite en série de l'Histoire de l'horlogerie et elle a mis plusieurs années à rejoindre ma collection alors qu'elle correspond totalement aux critères qui la caractérisent : Montre étanche, lunette plongeur, cadran noir, aiguilles et marquages blanc.

Ce retard à l'allumage est dû, en grande partie à son prix catalogue assez élevé (3750,00€ au moment où j'écris ces lignes) pour une montre que j'avais, à tort, jugée pas assez exceptionnelle pour justifier une telle dépense.
Il faut dire que pour la catégorie de prix dans laquelle elle boxe, elle a un gros "défaut" qui est de ne pas être animée par un mouvement d'une très grande noblesse, c'est à dire un mouvement de Manufacture.
Je suis resté longtemps hermétique au discours des amateurs d'IWC qui minimisaient ce défaut en mettant en avant le travail important réalisé par les ateliers de la marque sur les mouvements. Après m'être renseigné plus avant sur ce travail, je dois admettre que les modifications apportées à l'ébauche d'ETA sont impressionnantes et concernent des éléments constitutifs du mouvement (roues, barillet etc.). Certes, le Calibre IWC 37524 est assez éloigné du 2892-A2 dont il découle. Néanmoins, je reste convaincu qu'un 2892, même retravaillé pendant des heures par des horlogers dévoués et décoré comme un temple bouddhiste ne sera jamais un calibre de manufacture. Même si le ETA 2892-A2 reste un mouvement de très grande qualité et fort bien conçu.
Mais dans le cas de cette GST Aquatimer, là n'est pas le débat en fait : le mouvement n'est pas tout, voire même pas grand chose dans ce qui fait de cette montre une montre extraordinaire.
Maintenant que j'ai passé trois semaines en sa compagnie, que je l'ai disséquée pour cette revue, je me rends compte de mon erreur. L'attention portée à tous les détails d'ergonomie, le design, la lunette tournante qui est probablement la meilleure du marché sur le plan de sa conception et de sa réalisation (à part ces p#&t@$£ de vis), le fantastique bracelet et enfin la maîtrise du titane qui la constitue en font une montre de très haute tenue.
Conçue avec soin par l'une des Maisons les plus appréciées pour ses mécaniques, elle mérite vraiment le détour.

Amitiés,

Bruno - Décembre 2003

Le site de IWC : www.iwc.ch

 

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