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Speedmaster PROFESSIONAL
& RACING |
à moi |
texte et photos par Bruno Cracco (sauf mention spéciale) - Juillet 2004
Il y a de cela presque une vingtaine d'années,
alors qu'adolescent je mordais à pleines dents l'époque de la
haute technologie mise à disposition de tous, je me souviens d'avoir
recherché une montre pour remplacer ma Casio WaterResist 100m Alarm
Chrono qui montrait quelques signes de faiblesse.
En cet été 1986 donc, alors que les vacances scolaires d'été
battaient leur plein, je parcourais l'Italie en famille sans autre but que
de me reposer après un début d'été occupé
à gagner un peu d'argent de poche.
Cette petite semaine de vacances tombait à pic : l'occasion de trouver
La Montre.
La journée était belle, et le pas
léger, je mettais en quête de ma nouvelle montre.
Je flânais en cette magnifique ville de Florence, butinant de vitrine
en vitrine, regardant toutes ces montres offertes à mes envies quand
je tombais en arrêt devant une vitrine mettant en scène l'alunissage
de Apollo 11. Lors de cet événement historique, le 21 juillet
1969, j'étais dans le ventre de ma mère. Mais mon année
de naissance restera à jamais celle du premier pas de l'Homme en dehors
de sa bonne vielle Terre.
Je regardais ce diorama qui n'était là que pour mettre en valeur
une montre, une Omega, dont le texte disait qu'elle avait été
sur la Lune. Moi, j'étais fasciné par la petite voiture Lunaire,
le LEM et les petits bonhommes tout de blanc vêtus et je rêvais
à ce que devaient avoir vu et ressenti ces hommes, de là haut,
loin de tout.
De toute façon, cette montre à 8000F (en Lires, c'est encore
plus impressionnant) étant donné mon pouvoir d'achat de l'époque,
n'était pas pour moi.
Un peu plus tard dans la journée, j'achetais celle qui, sans m'en douter
une seconde, a été ma dernière montre électronique.
C'était une Citizen Windsurfer avec des boutons partout, pour 800F,
soit un dixième du prix de l'Omega Speedmaster et la totalité
de mes économies.
18 ans plus tard, je me suis offert coup sur coup, deux Speedmaster, comme pour rattraper le temps perdu et je me propose de vous les faire découvrir.
Le modèle Speedmaster date de 1957 (entrée en production) et il apparaît sur le marché en 1958, équipé d'un calibre 321 à roue à colonne et d'aiguilles Balane (nom officiel des aiguilles flèche appelées maintenant "Broad Arrow"). Elle sort sous la référence CK2915.
La première Speedmaster,
la CK2915 de 1957 (image Omega)
Deux ans plus tard, en 1959, elle est l'objet d'une première amélioration par l'ajout de joints toriques aux poussoirs (afin d'en augmenter l'étanchéité) et prend la référence CK2998. Les aiguilles sont différentes (Feuilles) mais pas encore les bâtons que nous connaissons aujourd'hui.
La Speedmaster deuxième version
(CK2998) avec ses aiguilles feuille
(image issue du site www.batei.com)
En 1962, la même montre prend la référence à 6 chiffres ST 105.002.
En 1963 elle devient 105.003 avec les aiguilles bâton. Cette même année apparaît également la ST 105.012 avec les mêmes aiguilles mais une boîte différente puisque dotée de protections de la couronne et des poussoirs (nous y reviendrons).
Mais, le destin de l'Omega Speedmaster va prendre une dimension toute autre le jour où, dans la nécessité d'équiper ses astronautes de garde temps, la NASA va tester un certain nombre de chronographes du marché pour en retenir un seul qui deviendra l'un des articles constituant le paquetage standard des astronautes.
L'histoire de ce concours secret est relatée dans de nombreux ouvrages et sur de nombreux sites. Je ne vais donc pas me lancer dans sa nième restitution. Néanmoins, il est intéressant de noter que ce test a été réalisé sur des montres de série, achetées en douce par les gens de la NASA chez des horloger de Houston, Texas. Tiens, au fait, la Rolex Daytona faisait partie des montres en compétition et visiblement, à l'époque, on pouvait rentrer dans une boutique et acheter des Daytona sans attendre 2 ans... Ah, les années 60 !
Il est également intéressant de
remarquer que la Speedmaster était allée dans l'espace en 1962
(version de série), au poignet de Walter Schirra dont c'était
la montre personelle (Mission Mercury-Sigma 7). Pour ceux qui doutent de la
capacité d'une montre à survivre dans l'espace, je vous invite
à aller lire cet article : "De
la capacité d'une Speedmaster à survivre dans l'espace".
Elle n'a subi les tests et n'a été qualifiée qu'en 1965
(annonce le 1er Mars), année où pour la première fois,
le 3 juin, elle fait une sortie dans le vide spatial au poignet de Ed White
(Mission Gemini IV).
C'est en 1966 qu'apparaît "Professional" sur le cadran puisqu'il
est devenu la signature de la Speedmaster lorsque Omega a été
informé que la montre avait été choisie en secret par
la NASA et qualifiée pour tous les vols habités de la NASA.
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Enfin, la Speedmaster deviendra Historique lorsqu'elle accompagnera Edwin "Buzz" Aldrin pour son premier pas sur la Lune, le 21 juillet 1969 (Mission Apollo XI). C'est depuis cet instant que la Speedmaster a reçu le surnom mérité de Moon Watch, la montre de la Lune. C'est Neil Armstrong qui le premier posa le pied sur la Lune, mais il avait laissé sa montre à l'intérieur du module car le chronomètre de bord était en panne. |
Le modèle de Speedmaster qui
est allée sur la Lune,
(image Omega)
Omega, dont le sens du marketing est assez affûté a bien entendu exploité à fond le fait d'être le fournisseur officiel et unique de garde temps pour la NASA. Toutes les missions furent l'occasion de séries spéciales, le Snoopy Award (obtenu pour avoir "sauvé" l'équiage de Apollo XIII lors de son retour sur Terre le 17 Avril 1970) est commémoré de manière récurrente et les versions spéciales, limitées ou pas, numérotées ou pas, sont pléthore. Ce serait une entreprise titanesque de les citer toutes.
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Le diplôme
officiel et la lauréate
obtenu pour services rendus à la NASA lors du vol Apollo 13 Image Omega |
La Speedmaster
Professional "Snoopy Award"
3441 pièces éditées en 2003 (Réf. 3578.51) Image Omega |
Trois Speedmaster éditées pour le 25ème
anniversaire du premier alunissage.
Le squelette est en platine (image Omega Saga page 397)
On peut également citer les séries
commémorant des événements liés à la longue
histoire de la Maison, telle cette Speedmaster en Or avec aiguilles Balane.
Speedmaster en or 150ème Anniversaire
de la Marque
(page 401 dans le Omega Saga)
Bref, chez Omega, ils aiment bien faire la fête, et à chaque fois qu'ils ont un truc à fêter, la Speedmaster prête son très beau cadran pour marquer ces évènements.
Enfin, pour réconcilier les deux types
de commémoration, voici par exemple la valise Collection Speedmaster
Missions contenant 23 montres éditée à 40 exemplaires
numérotés à l'occasion des 40 ans de la Speedmaster.
L'une des montres est la réplique de la CK 2915, toutes les autres
sont dédiées à une mission Apollo, Gemini ou Skylab.
Chacune des 22 Speedmaster porte sous la petite seconde, au 9, le blason d'une
mission spatiale et parfois au fond une gravure spéciale (Replica).
Toutes les montres portent également au dos le numéro de la
valise qui les contient. Cette valise éditée en 1997 permet
de commencer tranquillement une collection enviable de Speedmaster Professional.
Mais il faut avoir les moyens !
La valise mission (image Omega Saga, page 399)
On peut noter que Omega ne fait pas de favoritisme puisque la Speedmaster équipe également les plus grands concurrents des américains dans la conquête spatiale, à savoir les cosmonautes soviétiques (qualification de la Speedmaster en 1975).
L'histoire de la Racing est beaucoup moins connue.
Tout commence le 11 juillet 1995 à la Présentation officielle
des nouveaux ambassadeurs sportifs de la marque au Münchener Golf Club
de Thalkirchen. Ce jour là, Michael Schumacher devient ambassadeur
de la marque. Il l'est encore aujourd'hui (2004)
La série Racing apparaît officiellement
en 1996, un an tout juste après l'entrée de Michael Schumacher
dans le giron d'Omega.
Le lancement de la série Racing a lieu le 22 juillet 1996, sur le circuit
de Kart de Kerpen en la présence du régional de l'étape,
Michael lui-même.
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Michael Schumacher
lors de l'évènement ("Mmmm, j'aurais dû prendre
la Rouge !")
(image Omega Saga - page 398) |
Les deux Racing
(la Rouge et la Jaune) encadran une "CART"
(image Omega Saga - page 398) |
Cependant, on peut également faire remonter cette série à une Speedmaster que l'on pourrait considérer comme celle qui créa la ligne et qui a été reprise pour créer la série "Racing". Cette Speedmaster est apparue en 1967 !! Mais pas sous ce nom. C'était la Speedmaster ST 145.012-67 SP).
la Speedmaster ST 145.012-67 SP
(Image propriété de son auteur)
Et vous savez pas la meilleure
? C'est la première sur le cadran de laquelle a figuré le
"Professional".
Dotée d'un calibre 321 et d'aiguilles rouges pour la fonction heure
(Heure, Minute et petite seconde) et blanches pour la fonction chronographe,
elle dispose également des épaulements de couronne.
Vous noterez la similitude du cadran avec la Speedmaster 3518 Reduced.
La Speedmaster 3518.50.00 "Racing"
(image Omega)
Cette 3518 pourrait donc raisonnablement être considérée comme l'articulation entre la première Speedmaster de 1967 et la série "Racing" actuelle dont la 3552 fait partie. Quant à la séparation des fonctions par le jeu des couleurs des aiguilles, c'est clairement un trait caractéristique des premières montres de la série Racing (3510 Racing "Schumacher")
Voici pour la petite histoire les Racing successives
Speedmaster Racing Yellow / Red (1997) - |
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Speedmaster Racing (Reduced) Réf. : 3518.50 et 3517.50 Calibre 3220 (Automatique) diamètre 35,5 mm (c'est petit) Tricompax, sans date, look drapeau à damier + touches de rouge sur carbone (noir pour 3518, blanc pour 3517) Verre Hesalite 30m/3ATM |
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Speedmaster Racing Michael Schumacher |
![]() (image propriété de son auteur) |
Speedmaster Racing Michael Schumacher Limited Edition 2002 Réf. : 3529.xx Calibre 1151 (ETA/Valjoux 7751) Cadran classique 7751, avec drapeau à damier sur Fibre de Carbone 30m/3ATM |
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La série Racing peut être considérée comme un retour aux sources, c'est à dire une montre pour les pilotes de voitures, amateurs de vitesse et de performances.
Voyons maintenant en détail ces deux surs.
La Speedmaster Professional
Réf: 3573.50.00
La Speedmaster Racing Réf.
Réf: 3552.59.00
Quand on découvre ces deux montres, on
peut affirmer dès le premier regard que ce sont toutes les deux des
Speedmaster, sans hésitation.
La forme de la boîte, la lunette noire, le sombre cadran très
sobre, les aiguilles bâton blanches toutes simples, les marquages fins
et blancs mat et les 12 index bâton sont le trait caractéristique
de la série Speedmaster.
Le contraste permet une lisibilité telle que ce cadran est tout simplement
le modèle du genre, initiateur de ce style chronographe de sport moderne.
A l'origine, pour son créateur Pierre Moinat, chef de la Création
chez Omega, la Speedmaster n'était pas une montre d'astronaute mais
un chronographe sportif, solide (à l'époque, il était
considérablement moins fragile que ses concurrents), étanche
à 60m grâce à des joints de poussoirs en plomb, antimagnétique
et destiné aux amateurs de vitesse (d'où l'échelle tachymétrique),
sur Terre comme dans les airs. D'ailleurs, la première publicité
de la Speedmaster montrait un homme passager d'une voiture se préparant
à mesurer un exploit automobile, pas spatial. Le cadran avait été
conçu pour pouvoir lire les temps mesurés très rapidement
et sans erreur.
Bien sûr, de mes deux Speedmaster, la Professional est la plus conforme
à l'original (enfin, la ST 105.012 de 1963 avec les aiguilles bâton
et la boîte asymétrique), pour ne pas dire totalement identique.
Seule la fin de la trotteuse du chronographe est différente ainsi que
la littérature. Le logo en applique métallique a été
remplacé par une impression en 1968 sur le modèle 145.022 avec
l'avènement du mouvement 861 et sa commande à navette.
L'impression qui se dégage de ces deux montres est excellente sur le plan de la qualité de réalisation mais nous allons détailler tout ça.
Ces deux boîtes sont en acier massif 316L. Elles sont magnifiquement réalisées comme c'est l'usage chez Omega. Les dimensions des deux montres sont strictement identiques, à part l'épaisseur quand les deux montres sont posées à plat sur une table. Cette différence est uniquement liée au type de fond car le fond saphir est très légèrement moins épais que le fond acier. Mais cette différence ne se voit presque pas et l'épaisseur peut être considérée comme unique et s'établit à 14 mm, ce qui est assez fin au regard des proportions de la montre.
La couronne est située à 3h, les
poussoirs de part et d'autre de la grande couronne de 6.5mm de diamètre.
La Speedmaster est dotée d'une protection de la couronne et des poussoirs
depuis 1963 (ST 105.012), date à laquelle la boîte devient donc
asymétrique et les cornes facettées façon lyre. C'est
la boîte que nous connaissons encore aujourd'hui.
Il faut noter que la ST 105.003 (avec la boîte de la CK2998, donc sans
protection de la couronne) et la ST 105.012 ont cohabité au catalogue
jusqu'en 1966, ce qui peut entraîner une confusion sur l'année
de sortie des protections de la couronne et des poussoirs.
Fond mis à part, les cotes et le dessin
de ces boîtes sont ceux qui furent définis en 1963. Et ils n'ont
pas pris une ride.
La mode actuelle est aux grosses montres ? Et bien en 1962 la Speedmaster
faisait déjà 40mm de diamètre, en 1963 elle passe à
42mm avec les protections de la couronne. Elle n'a pas eu besoin de s'adapter.
Les côtés de la boîte sont brossés, le dessus poli et sablé. Le dessous de la boîte est poli y compris les cornes. Omega manie encore avec talent les jeux de finition.
Comme je le disais, les fonds de ces deux montres sont différents. Ils ont néanmoins en commun d'être vissés, de faire environ 38 mm de diamètre, et ils présentent sur leur pourtour 6 encoches permettant de positionner l'outil servant à ouvrir la boîte.
Ma Professional est équipée d'un
fond transparent car je voulais pouvoir admirer le superbe mouvement Lémania
1874 / Omega 1863 travaillé et rhodié par Omega.
Certains diront que le saphir ne pouvant être admis à bord d'un
véhicule spatial, la 3573 est donc éloignée de la définition
première de la Speedmaster. Bon, ben tant pis, je me ferai prêter
une montre approuvée pour les vols spatiaux lorsque cela sera nécessaire.
A ce propos, je me demande s'il ne s'agit pas là d'une légende
comme il en existe tant parce que la Omega X-33 qui a été choisie
par la NASA pour les vols vers Mars a un verre saphir. Etonnant non ? Je pourrais
donc, en argumentant un peu garder ma Professional Saphir/Saphir si je suis
invité à prendre place dans un vaisseau spatial.
Avouez que le coup d'oeil vaut
le risque de se priver des voyages en navette !
Entre les encoches, Omega a écrit "OMEGA
THE FIRST AND ONLY WATCH WORN ON THE MOON" en gravure laser peinte en
noir. C'est très bien fait et ça a l'air durable. Certains trouveront
qu'une redondance alourdit la phrase. Ils ont raison, si on est le seul (Only),
on est aussi le premier (First). Mais en affaire de slogan, il vaut mieux
répéter une idée deux fois que risquer que le lecteur
en rate une. Et être le premier, c'est une victoire en soi, être
le seul, c'est encore mieux.
Le verre saphir fait 28 mm de diamètre et laisse admirer les entrailles
de la montre, ce dont je me délecte car je suis un amateur de mécanique.
L'absence de rotor permet de découvrir tout le mouvement et de voir
bouger les cames et levier pour engrener le chrono lorsque l'on actionne les
poussoirs. Ce spectacle valait bien le sacrifice de l'authenticité
non ?
La Racing, quant à elle, ne se fait qu'en fond Acier. Je ne peux donc admirer le mouvement et sa roue à colonne. Qu'à cela ne tienne, je l'imagine.
Le fond est très travaillé. C'est
un disque biseauté avec un plateau de 28mm de diamètre qui présente
un très régulier brossé circulaire. Sur ce disque, on
peut lire le nom de la série "RACING", en arc de cercle,
gravé et peint en rouge, du plus bel effet sur le brossé circulaire.
Au centre du fond, Omega a placé une pastille de 16mm de diamètre
sur laquelle est gravé le logo de la marque, à savoir le monstre
marin à tête de cheval, surmonté du nom de la série
"SPEEDMASTER" écrit en arc de cercle. En dessous du monstre,
on trouve la lettre grecque Omega. Le fond de la pastille est finement quadrillé
ce qui la rend mate.
Les deux montres tiennent très bien sur le poignet et leur grand diamètre est compensé par les cornes qui descendent sur les côtés. Les deux montres ont des masses étonnamment proches puisque la Professional pèse 64g (poids de la montre sans bracelet) alors que la Racing et son mouvement automatique ne pèse que 3 g de plus à 67 g.
Conformément à la tradition Omega, le numéro de série est gravé sous la corne inférieure gauche (celle qui est au 7)
Malgré la très grande similitude entre les deux boîtes, la Professional est donnée pour une étanchéité garantie jusqu'à 30m/3ATM alors que la Racing elle, va jusqu'à 100m/10ATM. Cela m'amène à soupçonner Omega de sous-estimer les performances de la Professional qui de toute façon, soumise à des remontages quotidiens verra l'étanchéité de la couronne rapidement décroître. En annonçant 30m/3ATM, Omega décourage ses clients d'aller se baigner avec la montre.
Une bien belle boîte que partage ces deux montres, réalisée selon les standards élevés de la marque et dont le design vieux de plus de 40 ans est toujours d'actualité.
Les couronnes et poussoirs sont identiques sur les deux montres.
La couronne non vissée est de grande taille
(6,5mm de diamètre pour une épaisseur de 3,5mm environ), avec
la lettre Omega gravée sur la culasse. Elle est en acier massif et
intégralement polie.
Elle est crantée sur son pourtour et la préhension en est assez
facile. Cependant, lors du remontage (ce qui arrive tous les jours avec la
Professional), on est un peu gêné par la lunette. C'est un coup
à prendre, il faut faire travailler l'index.
Pour la mise à l'heure, elle est assez dure à tirer sur les
deux montres, et il faut de bons ongles pour aller l'attraper. D'une manière
générale, tout se passe par en dessous à cause de la
lunette qui la recouvre partiellement sur le dessus.
Les poussoirs sont des cylindres en acier polis de 4,5mm de diamètre et ils jaillissent de 5 mm environ au-delà de la lunette. Leur forme en rend confortable la manipulation. Depuis la CK 2998 de 1959, les poussoirs sont équipés de joints toriques en caoutchouc pour en assurer l'étanchéité.
Une légère différence entre les deux montres apparaît au niveau des poussoirs. En effet, n'étant pas animées par le même mouvement, l'angle entre les poussoirs et la couronne est différent entre la Professional et la Racing. Les poussoirs de la Racing sont légèrement plus écartés que ceux de la Professional mais c'est assez léger et si l'on a pas les deux montres l'une à côté de l'autre, on ne le remarque pas.
Ce sont exactement les mêmes lunettes. Elle propose une échelle tachymétrique graduée à partir de 500 unités par heure. Cette lunette est celle de la CK 2998. Elle est noir brillant mais sans générer de reflet. Pour mémoire, la CK 2915, la première Speedmaster, avait une lunette en acier gravée et permettant de mesurer des vitesses jusqu'à 300 unités par heure.
L'insert est en aluminium et il loge dans une lunette intégrée au boîtier. Les chiffres sont couleur aluminium, très fin et très lisibles.
Profil de la lunette intégrée
au boîtier (usinée directement dans la carrure)
dans laquelle est positionné l'insert en aluminium
Cette lunette, dont le dessin correspond à celle qui a été montée sur les Daytona par Rolex est une autre caractéristique première de la Speedmaster et elle procure à la montre son côté outils pour amateur de vitesse.
Historiquement, le verre qui équipe la
Speedmaster est en Hesalite (Plexiglas armé). Le plexi a ses amateurs.
Moi, je n'en fait pas partie. Hérésie ? Non, je parts du principe
qu'en fait, à l'époque, il n'y avait rien d'autre. Le verre
était trop fragile, et le saphir artificiel pas maîtrisé.
Les fabricants de montres solides n'avaient d'autre choix que de recourir
à ce matériau pour réaliser des glaces de grand diamètre,
épaisses, solide et bien transparentes. Etant donné qu'aujourd'hui
la fabrication de verres en saphir est maîtrisée, que ce matériau
offre de nombreux avantages par rapport au plexi (dont celui de ne pas se
rayer
et je DETESTE les rayures sur les verres), je ne vois pas pourquoi
m'en priver. Ah oui, pour cette histoire de saphir interdit dans les vols
spatiaux ? Vous y croyez encore ? A chaque fois que je regarde tout ce qu'il
y a comme surfaces vitrées à l'intérieur d'une navette
spatiale, je pense aux gars en train de tout remplacer par du plexiglas au
cas où (ordinateurs, instruments etc.).
Il faut néanmoins remarquer que le Plexiglas reflète assez peu
la lumière de manière naturelle (mais là encore, un petit
traitement anti reflet, et le tour est joué) et que son indice de réfraction
étant différent de celui du saphir, cela engendre une légère
différence de perception de l'ouverture du cadran avec un verre Hésalite
par rapport à un saphir de forme identique. Mais tout comme avec les
poussoirs, il faut avoir les deux montres l'une à côté
de l'autre pour voir la différence.
Le verre très bombé
et saillant participe beaucoup au style si personnel de la Speedmaster
Comme je vis dans mon temps et que je ne me suis pas offert LA "Moonwatch" mais certaines de ses héritières (plus jeunes), les miennes sont dotées toutes les deux de verres saphir bombés, traité anti-reflet à l'intérieur.
Admirez l'effet combiné de
l'anti-reflet à l'intérieur et du bombé de la glace.
Une lisibilité parfaite dans toutes les circonstances
Rien ne dit que je ne vais pas un jour me procurer la grand-mère (ST 105.012) avec son 321, mais ce sera pour discuter au coin du feu, pas pour aller battre la campagne et vivre des aventures.
Une grande partie
de l'identité d'une montre provient du cadran. Rien d'étonnant
à cela puisque le cadran mobilise à lui seul 95% de la surface
visible de la montre.
Ces deux montres sont différentes tout en étant toutes les deux
des Speedmaster. C'est donc qu'en tant que surs, elles partagent un
certain nombre de traits, ce qui leur procure ce que l'on appelle un air de
famille.
Le jeu d'aiguilles est strictement identique sur
les deux montres.
Pour l'heure et les minutes, ce sont deux aiguilles bâton blanches qui
apparurent en 1963 sur la ST 105.003.
Ce sont deux bâtons, pas très larges, terminés par une
pointe et peints en blanc mat. Le blanc mat est obtenu en ayant recours à
une peinture granuleuse. L'aiguille des minutes se prolonge jusqu'aux marquages
et empiète largement dessus. Les deux aiguilles sont creusées
sur toute leur longueur d'une gorge remplie de matière luminescente.
Elles sont extrêmement lisibles dans le noir.
La trotteuse du chronographe est un très long triangle très
fermé qui se fini par une très fine baguette. Au dernier quart,
elle est dotée d'une flèche. La flèche est remplie de
matière luminescente. Ce losange irrégulier symétrique
se distingue très bien dans le noir.
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La Racing
dans le noir
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La Professional
dans le noir
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Notez
la similitude des deux cadrans. La Racing brille un peu plus, ce n'est
pas la photo qui fait la différence
(même temps de pose, même diaphragme) |
Les aiguilles des registres sont celles qui apparurent
en 1963, et qui sont toujours d'actualité. Ce sont de fins bâtons
blancs avec une pastille circulaire au niveau de l'axe.
La trotteuse du chronographe est différente de celle qui fut introduite
en 1963 (contrepoids de l'aiguille en forme de goutte) et remplacé
par celle-ci en 1968 (contrepoids triangulaire) pour ne plus bouger depuis.
Autre souci du détail et de la qualité de la conception de cette
montre : La trotteuse du chronographe va jusqu'au bord du cadran pour permettre
une utilisation facile du tachymètre qui est gravé sur la lunette.
Bien joué.
La disposition des registres est également identique sur les deux montres, à savoir une disposition conforme à celle du Cal. 321: petite seconde au 9, registre des minutes du chrono (30 minutes) au 3, registre des heures (12 heures) et enfin trotteuse du chrono au centre.
Puisque nous sommes dans les traits de famille, les 12 grands index bâton blancs sont également partagés mais les différences commencent là justement.
Le cadran de la Professional est monochrome :
Des marquages blancs sur un cadran noir mat et c'est tout.
Au 12, la montre décline son identité. La lettre Omega, au dessous,
dans l'ordre, "OMEGA" en lettre très sobres et droites, puis
"Speedmaster" en lettres rondes et enfin "PROFESSIONAL".
Tout ça est écrit en blanc, très finement et la loupe
10x ne révèle pas de défaut.
Les trois registres sont d'un diamètre
identique. Ils sont creusés, sillonnés et biseautés sur
une bonne longueur et j'aime beaucoup cet effet de pente sur les bords.
Le registre des minutes du chronographe est gradué de minute en minute,
avec un trait plus épais toutes les 5 minutes et en chiffres "10",
"20" et "30", dans une fonte sobre, sans sérif.
Le registre des heures est lui gradué toutes les heures. Par des traits
fins. Les nombres "3", "6", "9" et "12"
sont écrits dans la même fonte que celle utilisée pour
le registre des minutes.
Enfin, le registre de la petite seconde, des traits fins marquent toutes les
5 secondes et les nombres "20", "40" et "60"
sont écrits, toujours dans la même fonte. Ces tamponnages sont
fort bien réalisés et la cohérence de l'ensemble bien
respectée.
Autour du cadran Omega a placé une piste
des minutes / secondes du chrono.
Elle est constituée de traits longs (environ 2 mm) pour marquer les
minutes (ou les secondes) et de 4 traits intermédiaires courts (0,5mm
de long probablement) entre chaque. Cela fait un trait court tous les 1/5ème
de seconde. Ceci est cohérent pour une montre dont le mouvement 321
battait initialement la mesure à 18.000 alt/h, soit 5 alternances par
seconde (2,5 Hz).
Or, en 1968, avec le passage au 861 (dont le 186x actuel est très proche),
la Speedmaster perdait sa roue à colonne, son spiral de Breguet et
son balancier à vis, mais la fréquence passait à 21600
alt/h, soit 6 alternances par seconde (3Hz). Dans cas, les marquages ne pouvaient
pas être mis en cohérence sous peine de voir soit 5 traits intermédiaires
(1/6ème de seconde entre chacun), soit 2 (1/3 de seconde entre chacun).
Omega a préféré laisser le dessin tel qu'il était,
après tout, qui peut se vanter de déclencher avec ses doigts
un chrono avec une précision telle que la fraction de seconde devienne
significative ?
La longueur des traits des secondes est faite de telle sorte que l'aiguille
des minutes les atteint. Une bonne idée encore de Monsieur Omega car
cela permet de lire la minute avec une grande précision. Enfin, un
trait légèrement plus épais mais de la même longueur
marque les 5 secondes.
Mais, de toute façon, les 5 secondes, qui sont aussi les heures, sont
surtout matérialisées par de grands index bâton blancs.
Ces index sont luminescents et donnent à la montre une bonne partie
de sa personnalité.
Seuls les index bâtons sont luminescents. Il y en a 12 et celui de midi
est affublé de deux petits points de part et d'autre à sa base.
Ce trait caractéristique de Speedmaster (on le trouve depuis la CK
2915 et encore sur la X-33) permet de savoir dans le noir où se trouve
le 12. Bien vu. Avec un esprit mal tourné, on pourrait y voir des attributs
masculins
mais on n'est pas comme ça.
Le cadran de la Racing est assez intéressant.
Pour commencer, il est constitué d'une plaque de tissu de fibre de
carbone, ce matériau symbole des progrès de l'industrie dans
les matériaux légers et très résistants. Bien
entendu, l'évocation du monde de la course automobile est parfaite
puisque qu'il n'est pas besoin d'être un grand spécialiste pour
savoir que les voitures de course modernes sont constituées à
90% de fibre de carbone.
Le tissu de fibre de carbone du cadran est verni en mat afin de lui donner
un aspect impeccable sans toutefois en faire un miroir. D'ailleurs, il ne
génère aucun reflet.
Par un effet que l'on connaît au travers des stéréogrammes,
en regardant le cadran, à cause de la répétition du motif
de la maille du tissu de fibre de carbone, on a parfois l'impression que les
fins marquages blancs flottent au-dessus du cadran.
Au 12, comme sa sur, la montre décline son identité. Comme sa sur, La lettre Omega, puis au dessous, dans l'ordre, "OMEGA" en lettre très sobres et droites, puis "Speedmaster" en lettres rondes. Ensuite, ça change. C'est que la Racing, c'est pas de la Speedmaster de base. Jugez plutôt : en dessous de Speedmaster, on peut lire "AUTOMATIC" puisque la montre l'est, "CHRONOMETER" puisque la montre a son certif' et enfin "RACING". Tout ça est écrit en blanc, sauf "RACING" qui est en lettres stylisée blanches avec un effet de relief en rouge. Toute cette tampographie est très finement réalisée, et là encore, la loupe 10x ne révèle pas de défaut.
Les trois registres sont disposés conformément
à la configuration tricompax originale et ils sont légèrement
creusés, plus mats. Ils ne sont pas en forme d'assiette comme sur la
Professional. Par contre, ils sont sillonnés comme ceux de la Professional,
ce qui leur donne un aspect plus mat que le cadran.
Le registre des minutes du chronographe est strictement identique à
celui de la Professional, celui des heures également au détail
près que des "0" ont été ajouté devant
le "3" et le "9".
Le registre de la petite seconde est différent de celui de la Professional.
Il est parcouru par une croix, 12-6 et 3-9 ce qui est osé car cela
trahirait le moindre défaut d'alignement du cadran. Bien sûr,
mon exemplaire ne présente aucun défaut d'alignement : pari
réussi. Enfin, toutes les secondes sont marquées, en plus des
5 secondes.
Autour du cadran Omega a placé une piste des minutes / secondes du chrono très semblable à celle de la Professional. Par contre, elle compte 3 traits intermédiaires courts entre chaque seconde. Cela fait un trait court tous les 1/4 de seconde ce qui est cohérent pour une montre dont le mouvement bat à 8 alternances par seconde (4 Hz). Bien pensé.
Enfin, ce qui fait une énorme différence par rapport à la Speedmaster Professional, ce sont les liserés rouges, très fins, autour des index, lesquels sont un peu plus larges que ceux de la Professional. Ce rouge, pourtant particulièrement vif est, somme toute, assez discret. Il n 'est pas franchement visible lorsque l'on regarde le cadran mais on sent que quelque chose se passe autour des index. Ils sont comme vibrants. Le rouge est une double évocation. C'est la couleur d'Omega, mais aussi celle de la Scuderia Ferrari, l'écurie pour laquelle Michael Schumacher court depuis 1996, et avec qui il est champion du Monde depuis 2000, sans interruption.
Enfin, ce cadran est doté d'un guichet rectangulaire de 3mm sur 2mm environ très discret au 6, qui laisse apparaître le quantième (la date quoi) en chiffres gris très fins, sur fond noir. Malgré sa très petite taille, la date reste lisible sans loupe et elle est d'une telle discrétion qu'on ne le voit pas si l'on ne sait pas qu'elle est là.
Ces deux montres sont disponibles sur bracelet métal ou cuir. Le barcelet métal est strictement identique à celui de la Seamaster Professional, sauf la boucle qui n'est pas une boucle de plongée et ne possède donc pas de rallonge pour port par dessus la combinaison de plongée. Les combinaisons spatiales étant beaucoup plus épaisses et rares que les néoprènes de plongée, Omega n'a pas jugé bon de loger une rallonge de 20cm dans la boucle. La boucle de ce bracelet est donc plus courte que celle de la Seamaster.
Les pièces de bout sont massives
et la boucle propose
deux positions pour fixer le bracelet dessus (positions été/hivers)
Chaque boucle est gravée du nom du modèle, ce qui est pratique pour ne pas les confondre au remontage.
L'entre corne est de 20mm ce qui rend la recherche
de bracelets facile... merci Omega.
La Speedmaster est allée dans l'Espace puis sur la Lune montée
sur un bracelet sangle velcro pour être portée par dessus la
combinaison spatiale. Noir au départ, il est devenu blanc, puis carrément
intégré à la combinaison.
L'étanchéité très relative de la Professional lui interdisant toute baignade, elle s'accommode donc très bien d'un bracelet en cuir. J'ai monté la mienne sur un croco marron, et ça lui va merveilleusement bien.
Je la monte également parfois
sur un bracelet NATO noir et elle est très jolie dans sa tenue de baroudeuse.
Pour la Racing, rien qu'en regardant le cadran, il est évident que
le bracelet Hirsch Carbon a été fait pour elle : fibre de carbone
avec surpiqûres blanches.
Petite coquetterie, j'ai offert à la Racing une boucle ardillon Omega satinée pour aller sur le Hirsch Carbon. Cette boucle, toute simple est très joliment réalisée et pour 17€, ça vaut franchement pas la peine de s'en priver.
Elle existe également en acier poli, pour le même prix. Les déployantes, c'est une autre histoire puisqu'ils les vendent 168€ ! C'est à peine 15€ de moins qu'une déployante Breitling qui fait très fort côté prix.
Pour cet hiver, je remonterai vraisemblablement l'une au l'autre sur son bracelet métal car il leur va également très bien.
La Speedmaster Professional sur son
bracelet acier
La Speedmaster Racing sur son bracelet
acier
La Speedmaster, c'est avant tout un cadran inimitable et une boîte de grand diamètre et fine. Mais, c'est également un mouvement pour l'animer, et à l'origine, les qualités du mouvement ont fait le succès de la montre.
Le fameux Lémania calibre 321
de 1946 avec sa roue à colonnes
(image propriété de son auteur) - cliquer pour agrandir
Voici un bref aperçu des références des différents mouvements qui ont animé les Speedmaster ainsi que les années et les modèles qui les ont inaugurés ou enterrés. Je cite ici les calibres descendant du 321, à savoir le 321, le 861, le 1861 et leurs déclinaisons luxueuses le 863 et le 1863. Je passe sur les Lemania 134x, 5100, VJ775x etc. qui ont été montés dans des versions dérivées de la Speedmaster, comme dans les Mark II, III, IV et V, ainsi que sur les mouvements automatiques modulaires (ETA2890-02 et modules Dubois-Dépraz 2030 et 2020) montés dans les Speedmaster "Reduced".
321 de 1957* (CK 2915) à 1968 (ST 145.012)
861 de 1968 (ST 145.022) à 1995(ST 345.022))
863 de 1980 (ST 345.0808**) à 1995(BA 345.052)
1861 depuis 1995 (ST 345.0022)
1863 depuis 1995 (ST 345.0818)
(* si la Speedmaster date de 1957, le calibre 321 lui date de 1946)
(** série spéciale avec mouvement doré rose, fond saphir
en commémoration de Apollo XI)
Omega différencie la finition de ses mouvements
par le dernier chiffre de la référence.
Les calibres dont la référence se termine par un "1"
(Ex. Cal.3301) sont en finition standard et sont destinés aux montres
avec fonds acier ou opaque.
Ce sont les mouvements standard, polis, mais ils conservent les pièces
en nylon si il y en a et les leviers sont en finition standard.
Par contre, les calibres dont la référence se temine par un
"3" (Ex. Cal. 1873) sont en finition soignée et sont destinés
aux montres avec fonds saphir, ou alors les modèles très haut
de gamme.
En général, la finition soignée correspond à la
présence de côtes de Genève sur les ponts, le perlage
des platines, le polissage des leviers, le remplacement des pièces
en nylon par des pièces en métal, et l'anglage des ponts et
des leviers.
Néanmoins, dans tous les cas, les mouvements sont rhodiés.
Dans le cas des 861 et 863, c'est plus subtil.
En effet, en 1980, le Calibre qui était monté sur le Speedmaster
à fond saphir était un 861L (L, pour Luxe, comme la Fiat 500L).
Le 863 était lui le 861L doré à l'or Rose.
Puis, la référence 861L a disparu pour laisser la place au 863,
doré toujours, mais à l'or jaune à partir de 1992.
Un 863 doré à l'or jaune, donc d'après
1992
(image Neofoto, montre de Nicolas)
En 1995, les 861 et 863 devenaient respectivement 1861 et 1863 en adoptant le rhodiage à la place de la dorure à l'or jaune, et c'est tout. Le 186x est donc mécaniquement strictement un 86x.
La Speedmaster Professional actuelle est équipée
du Calibre 186x. C'est une base Lémania 187x. L'histoire de Lémania
et celle de Omega sont liées depuis longtemps et actuellement, Lémania
appartient au Swatch Group, comme Omega. On est donc pas loin de la définition
d'une Manufacture.
Le mouvement qui équipe ma Professional est basé sur un 1873
de Lémania qui correspond à la finition de base chez le fabricant
de calibres. Il est ensuite retravaillé par Omega et devient le 1863
en finition luxueuse.
Il faut noter que Lémania fournit également
son mouvement en finition luxueuse sous la référence 1874.
Le Lémania 187x est un descendant direct du Calibre 321 de 1946. Entre
temps, il a perdu son balancier à masselottes pour un balancier glucidur
à 4 bras, son spiral de Breguet pour un spiral plat et sa commande
à roue à colonne pour une commande à navette. Le mécanisme
de chronographe a été simplifié et le bloqueur de la
roue de compteur de seconde en acier a été remplacé par
une version en matière synthétique. Au passage, le remplacement
du bloqueur par une version en matière synthétique a été
dicté par la recherche d'une plus grande fiabilité. Le matériau
synthétique utilisé permet d'amortir le choc lors de l'arrêt
du chronographe et également d'éviter l'écrasement de
la denture de la roue à la longue.
Enfin, il a gagné 3600 alt/heure passant de 18000 à 21600.
Ces changements se sont opérés en
1968, lors du passage à la référence 861. Il faut noter
que celui qui est allé sur la Lune est le 321 car le 861 a du être
re-certifié, ce qui a eu lieu en 1970.
Ensuite, il n'a pas changé et il changea de référence
en 1995 pour devenir le 1861 sans aucun changement mécanique.
C'est un mouvement de chronographe intégré,
robuste et fiable.
Il dispose d'un registre des minutes du chronographe sautant, ce qui est très
pratique et dénote un mouvement bien né. Il permet de mesurer
des durées jusqu'à 12h, 59 min et 59 sec. La commande à
navette est assez douce, plus en tout cas que celle d'un 7750. Le remontage
est doux et il fait un bruit rassurant. Il ne dispose pas de dispositif stoppe
seconde. On peut néanmoins arrêter le mouvement en faisant une
mise à l'heure à l'envers (sens anti horaire).
Les caractéristiques du Calibre Omega 1863:
Le mouvement est gravé du numéro de la boîte
La précision de marche est assez bonne puisque ma Professional prend environ 20 secondes d'avance par jour, mais avec une grande régularité. Un petit réglage un de ces quatre, et elle devrait se retrouver dans les +1 à 4 secondes par jour. Elle n'est pas certifiée par le COSC.
Cette version est la première Racing qui soit équipée d'un mouvement original après des modèles basés sur du 2890-02 avec module ou encore des Valjoux 7750 ou 7751.
Le calibre 3301 (image propiété
de son auteur)
Le Calibre Omega 330x est un mouvement développé
spécialement pour Omega par Piguet (qui appartient au Swatch Group
également).
Il est dit que ce mouvement est basé sur un Piguet 1185, mouvement
de chronographe le plus fin du monde avec ses 5,4 mm et qui date de 1988.
Le Piguet 1185 qui aurait servi de
base pour développer le 330x
(Image Piguet)
Pourtant, les différences entre les deux mouvements sont très importantes et certaines traduisent au moins l'importance du travail qui a été effectué pour Omega, si ce n'est une refonte complète.
La première grosse différence est
la redistribution des fonctions, certainement pour garder la parenté
avec la Speedmaster historique. Au 3 se trouve le registre des minutes, au
6 le registre des heures, et au 9 la petite seconde. Le Piguet 1185, lui,
est configuré avec la petite seconde au 6 et le registre des heures
au 9.
Ensuite, la fréquence a été portée à 28800
alt/h alors que le 1185 oscille à 21600 alt/h. La réserve de
marche a été augmentée pour atteindre 55 heures contre
42 pour le Piguet.
Le nombre de rubis a été réduit pour s'établir
à 33 contre 37. Ce point traduit une simplification du mouvement car
les performances (Réserve de marche et fréquence essentiellement)
ont dans le même temps été améliorées. Sur
le plan de la simplification, par exemple, les deux registres des minutes
et des heures sont sur le même train de roue sur le 330x alors qu'ils
sont sur deux trains différents sur le Piguet.
Enfin, et c'est ce qui me fait le plus hésiter quand on me dit que
le 3301 est basé sur le 1185, les dimensions du mouvement sont différentes.
Le 3301 fait 27mm de diamètre pour 6,85 mm d'épaisseur contre
respectivement 26,5mm et 5,4mm pour le 1185.
Il hérite tout de même du Piguet le principe de l'embrayage vertical
du chronographe (comme sur le Rolex 4130). Cela évite le saut caractéristique
de la trotteuse au lancement du chronographe.
Le saut de la date est semi-instantané, c'est à dire qu'elle
se met à bouger vers 23h00 et saute à 00:04:30.
Les poussoirs sont doux, mais l'étanchéité à 100m nécessite des joints assez serrés. Le rotor est perceptible au porter, sans toutefois atteindre la présence de celui du 7750 (ceux qui en ont un comprendront ce que je veux dire)
Au chapitre précision, mon exemplaire varie de 1 à 2 secondes par jour, vers l'avance. Une performance très louable, proche de ce que font mes Rolex, références en la matière. Le mouvement est certifié par le COSC.
Les caractéristiques du Calibre Omega 3301
On peut noter que ses dimensions sont très proches de celle du 186x ce qui permet de le loger dans les mêmes boîtes sans difficulté.
Bref, ce mouvement semble assez peu comparable au Piguet 1185 qui lui servirait de base. Ce mouvement est d'autre part exclusif à Omega. Etant donné que Piguet appartient au Swatch Group, on est encore plus près de la définition d'une Manufacture que dans le cas du 186x.
Déclinaison luxueuse du 3301
en 3303 (finition soignée)
(Image Omega)
En tout cas, les performances de ce mouvement
sont de tout premier ordre et il rivalise par à sa conception avec
les meilleurs chronographes actuels sans rougir, que ce soit le El Primero
ou encore le tout nouveau Rolex 4130.
Enfin notons que Omega décline ce mouvement en 3313 qui est doté
d'un échappement co-axial, marque de fabrique de la Maison. On trouve
ce mouvement dans la De Ville Chronographe Co-Axial.
Les deux montres sont présentées
dans un packaging identique et classique chez Omega. Il n'y a pas de différence
entre les séries Speedmaster et Seamaster.
Une sur boîte en carton blanc contient l'écrin en skaï rouge,
avec logo argenté (au lieu d'être doré comme sur la boîte
de la Seamaster), le manuel d'instructions et un porte carte en plastique
blanc.
La boîte rouge est strictement la même que celle dans laquelle se trouvait ma Seamaster Professional (voir la revue pour plus d'information, sur la boîte d'une part, mais aussi sur cette excellente montre de plongée) .
Le livret d'utilisation est le même pour
tous les modèles, et en 10 langues.
Petite différence, celui qui accompagne la Racing est numéroté
1/6, alors que celui de la Professional est numéroté 1/4.
Ce sont juste deux versions différentes de ce manuel d'instruction
commun à toute la gamme Omega.
Le porte carte en skaï blanc contient 3 cartes
au format carte de crédit dans le cas de la Racing, 2 pour la Professional.
Ces cartes sont
Les cartes de Garantie sont munies
du logo "Omega World Service Organization" doré contenant
un hologramme, le certificat du COSC celui d'Omega Watches et celle des pictogrammes,
aucun. Toutes les cartes portent la référence du modèle
et son numéro de série.
La carte des pictogrammes permet de donner toutes les caractéristiques
de la montre en se référant au manuel, y compris la référence
du manuel d'instruction qui va avec la montre.
En 1957, l'année où le 4 octobre, Spoutnik émettait son Bip-Bip et où Claude François chantait pour la première fois, cette année là, Omega lançait la Speedmaster. En 1963, avec le modèle ST 105.012, la Speedmaster qui n'était pas encore "Professional" évoluait légèrement. Elle se dotait d'une boîte asymétrique après avoir vu sa lunette devenir noire et ses aiguilles devenir des bâtons. Sans le savoir, elle venait de définir un canon pour les 41 ans (jusqu'à maintenant) à venir. La définition de la cette ST 105.012 est celle de l'actuelle Omega Speedmaster Professional (3570.50.00) au mouvement près. Belle carrière !
Nous n'avons pas parlé argent, mais à titre indicatif, le prix de la Professional Saphir/Saphir est de 2950,00€ sur acier, celui de la Racing de 3070,00€ sur cuir. Ce sont des prix très raisonnables pour la qualité de ce que fournit Omega, sachant que ces prix sont négociables dans les enseignes sérieuses qui connaissent notre passion. D'autre part, les montres Omega étant très largement distribuées, le marché gris est très actif et on peut trouver ces merveilles avec -25% par rapport au prix catalogue sans trop de difficulté. Ah oui, le prix de la 3570.50.00, Hesalite, fond acier est de 2240,00€. C'est le ticket d'entrée pour la gamme Speedmaster avec un 186x dedans... c'est pas si cher le bout de mythe au poignet.
Les deux versions que j'ai la joie de passer à mon poignet sont assez proches, tout en possédant chacune sa propre personnalité. On pourrait se demander si l'une n'étouffe pas l'autre. En effet, la Racing est une Speedmaster à part entière, elle en a l'apparence et elle a en plus de sa sur d'être automatique, de proposer la date (ce qui compte beaucoup pour moi) et enfin d'être étanche à 100m, ce qui en fait une montre de sport très polyvalente. Mais la Professional, avec son mouvement manuel, son cadran datant des années 60 et son fond transparent se défend bien. C'est toujours un très grand plaisir de passer au poignet la descendante directe de la montre qui est allé sur la lune.
L'histoire de la Speedmaster est l'une des plus
longue car Omega a su maintenir cette montre dans une définition très
fidèle à son identité de départ, preuve qu'elle
était bien née d'ailleurs. La richesse de cette histoire ainsi
que les indéniables qualités de ce chronographe extrêmement
attachant font que des centaines d'amateurs se sont penchés sur cette
montre. Par conséquent, les informations disponibles sur Omega et la
Speedmaster sont pléthoriques et passionnantes. Bien évidemment,
comme je suis né après la Speedmaster, les informations que
je donne dans cette double revue ont été glanées un peu
partout, recoupées, interprétées, synthétisées
et restituées telles que vous venez de les lire.
Bien entendu, malgré toute l'attention et la rigueur déployées
lors de cette quête, il peut subsister des erreurs et ne m'en veuillez
pas. Si vous le voulez bien, vous pouvez m'écrire et je corrigerai
bien volontiers les erreurs afin que cette revue soit la plus exacte possible.
Je vous livre à la fin de cette revue quelques-unes des sources sur
lesquelles je me suis basé à toutes fins utiles (principalement
en anglais).
Dernier élément, voici quelques représentantes de la gamme Speedmaster actuelle, qui bien entendu me plaisent beaucoup, y compris les versions à cadran blanc qui n'ont aucun lien avec l'histoire de la Speedmaster mais que je trouve très réussies. J'aime particulierement la Speedmaster "July 20, 1969" que j'appelle la Speed Paul NewMoon du fait de sa rensemblance marquée avec celle qu'elle a battu lors des tests de la Nasa, la Rolex Daytona 6240 dite "Paul Newman".
Rolex Daytona 6240 (Valjoux
72) 1961-1970
"Exotic Dial" dite Paul Newman
(image propriété de son auteur)
Pour finir, voici une Speedmaster qui a rejoint ma collection après les deux que je décortique ici, et qui ne manque pas de charme.
C'est une Speedmaster "Seamaster" Professional
Mark III (1974)
équipée d'un Calibre Oméga 1040, c'est à dire
un Lémania 1341
A l'époque, les Speedmaster en boîte sport (étanches)
faisaient partie de la ligne Seamaster
Amitiés,
Bruno - Juillet 2004
Le site de Omega : www.omega.ch
Le site Omega Addict : www.omega-addict.com
(Une mine d'information)
Le site de Chuck Maddox :
http://home.xnet.com/~cmaddox/watch.html
(son site est un portail)
Les site Omega 4 U : www.omega4u.net
(Très bon
site d'un passionné - Attention, le .com a été détourné)
La revue d'une ST 145.012 de 1968 par O. Seston
: La revue en français
Un site dédié à la Speedmaster
: Watch Gallery
Un site japonais sur les premières Speedmaster
: www.batei.com
Une animation Java de la Speedmaster Professional à l'heure atomique : la 3570.50.00 animée
Le site de Jean-Michel, un passionné de
la Speedmaster, entre autres : www.Speedmaster-mission.net
Enfin, le livre Omega Saga vaut bien les 130,00€
demandés car c'est une mine d'informations sur une marque vraiment
très attachante et qui compte dans l'Histoire de l'horlogerie.
La revue de la Omega Seamaster Professional
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