Ma |
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à Moi |
(Référence 16600) |
texte et photos par Bruno Cracco (sauf mentions spéciales - Merci à Boub) - Octobre 2001 pour la "Passion des Montres"
Le schéma est simple : la première Rolex que l'on a vue était
au poignet du copain de papa, appelons-le Jo, qui est pilote de ligne et qui
ramenait toujours des histoires et des cadeaux incroyables de ses nombreux voyages.
Tante était amoureuse en secret de cet homme qu'elle trouvait beau et
cultivé. En plus, il était riche, ce qui ne gâchait rien.
Mais le Jo, il n'était pas intéressé par tante, il était
toujours avec des jolies jeunes filles, que l'on ne voyait en général
qu'une seule fois. D'ailleurs, les conquêtes de Jo alimentaient la verve
de tante, alors que les volutes de fumée de la double-sortie d'échappement
du cabriolet sport n'étaient pas encore dissipées : "Tu as
vu ? Elles en veulent toutes à son argent. Il mérite mieux que
ça !"
Bref, le mythe naquit dans l'esprit encore très malléable de cet
enfant et, pour lui, Rolex c'était équivalent à bronzé
toute l'année, voyages au bout du Monde, jolies pépés et
voitures de sport. Bref, un idéal de vie en somme.
Puis les années rebelles sont passées par-là. On se met à rejeter en masse : Les parents, les petits bourgeois, les signes extérieurs de richesse, la société de consommation, l'ordre, le système, l'argent et tout le reste. On écoute de la musique de Révolutionnaire, croit-on, on boit de la bière et on se demande où va ce monde auquel on ne comprend rien et qui ne nous comprend pas. Alors dans ce contexte, la Rolex La Rolex c'est le symbole de ceux qui sont les héros de cette société que l'on rejette. Il faut dire que l'on est bien aidé dans cette association par la toute puissante propagande Hollywoodienne qui met en scène les golden boys quasi-systématiquement affublés de cet accessoire. Iconoclaste pour un temps, on sacrifie donc Rolex sur l'autel de la révolution prolétarienne altruiste.
Puis on mûrit, on commence à gagner sa vie comme on peut, et on revient aux fondamentaux quand le copain Syl', que l'on a connu au régiment et qui est maintenant pilote de ligne, vient à la maison de temps en temps, avec ses nombreuses et jolies amies, son cabriolet sport et sa Rolex GMT. C'est finalement joli une Rolex. Si ce n'était pas si cher
La majorité des gens sains, lorsque leur Dieu, quel qu'il soit, les rappellera à lui, auront toujours cette opinion de Rolex.
Mais d'autres, qui n'auront pas cette chance, tomberont un jour dans les griffes d'une maladie terrible et incurable : la tictacomanie.
Le tictacomaniac va commencer à fréquenter
d'autres tictacomaniacs, sur le TZ entre autres. Là, ceux qu'il prend
pour des gurus en ces prémices de parcours initiatique, vomissent, pour
la plupart, sur Rolex, taxant la marque de tous les maux, méprisant même
les pauvres cons qui s'achètent des Rolex.
Pendant un temps, on croit ces nouveaux Guides, jurant ses grands dieux que
jamais on achètera une Rolex avec ses copeaux de métal dedans
et qui valent 20 fois le prix d'une Invicta pour quasiment la même chose,
croit-on.
Puis, comme dans tous les processus d'apprentissage, vient le jour où l'on est suffisamment mûr pour se forger sa propre opinion, voire même pour se rebeller contre les paroles des Guides. Et là, on se dit que finalement, en y repensant bien, une Rolex, c'est quand même de la belle tocante de manufacture (un must pourtant selon les gurus), bien finie, bien précise et avec un look tant imité sans jamais être égalé. Par contre, c'est horriblement cher et du coup, on se croit protégé de cette folie par la promesse que l'on s'est solennellement faite de ne pas se mettre sur la paille pour des saloperies de tocantes à roues et à ressorts.
On se berce alors dans l'illusion que l'on se constituera
une très belle collection à moindre frais, à base de montres
au rapport qualité/prix excellent, délaissant volontairement les
grands classiques, galvaudés et forcément chers.
Mais le temps passe et fait son effet. Son niveau de vie s'élève,
on aime de plus en plus les montres, on en achète de plus en plus chères
et l'on entre dans la spirale infernale, spirale dont le foyer est trop loin
pour être imaginé d'ailleurs. Le seuil psychologique est enfoncé
à chaque achat, s'éloignant doucement mais sûrement de la
décence et s'approchant à chaque fois dangereusement du prix de
ces montres que l'on trouvait tellement trop chères si peu de temps avant.
On découvre alors horrifié, un beau matin, que la notion même
de "cher" et "d'inacceptable" est entièrement relative,
comme tout le reste.
Et là, on se met, pour le plus grand malheur des prochaines vacances
au soleil qui vont se transformer en week-end chez les beaux-parents, à
rêver de cette satanée Rolex Oyster Perpetual Date Sea-Dweller,
devenue probable maintenant.
En ce début de septembre 2001, la Sea-Dweller
et ses 26.180FF était devenue probable pour moi, bien que demeurant terriblement
chère pour une simple montre de plongée automatique.
Mais il y eut cette fin de journée où, peut-être influencé
par la tragédie qui venait de frapper New York, Washington et le Monde
entier, je me lançais un ultimatum : "Si tu pousses la porte de
la boutique et qu'ils en ont une, tu arrêtes de tourner en rond et tu
te la paye ! Tu as l'argent, et la vie est trop courte !" Pari tenu !
Je me rendais alors, pour la troisième fois, sous la pluie, au magasin
de montres de luxe le plus proche de mon bureau. J'étais curieusement
guilleret malgré ce temps de septembre parisien qui faisait courber la
tête et serrer les bras le long du corps à tout le monde sur les
trottoirs.
Je sonne. La serrure automatique s'ouvre : "Gzzzzz". Je pousse la
première porte et me trouve dans le sas. Là, dans le silence,
je pense à tout ces "Mais monsieur, une Sea-Dweller, c'est très
rare", "La dernière que j'ai eu a donné lieu à
une bagarre", ou encore, "les Rolex en acier de sport sont très
difficiles à obtenir, il faut compter 6 à 10 mois de liste d'attente,
mais en ce moment j'ai cette GMT II qui vous irait à merveille, profitez-en
j'ai déjà quelqu'un qui me l'a réservée mais si
vous la voulez, je vous la laisse".
"Gzzzzz " La deuxième porte s'ouvre : "Bonjour Monsieur. Que puis-je faire pour vous ?"
Moi : "Bonjour Madame, je viens acheter une Rolex Sea-Dweller !"
La vendeuse : "Ah ! Je n'en ai pas. Est-ce ce modèle en particulier que vous voulez ?"
Moi, me croyant sauvé en ayant économisé 26 milles balles : "Oui, c'est la seule que je veuille"
La vendeuse : "Attendez, je demande s'ils n'en ont pas une à notre autre magasin. Asseyez-vous, je reviens tout de suite"
Moi, pensant, c'est sans espoir : "Avec plaisir"
La vendeuse, une minute plus tard : "Monsieur, ils en ont une à notre autre magasin. Vous pouvez y aller maintenant, ils vous attendent. Donnez-moi votre nom, je le leur transmets."
Aïe aïe aïe
je suis coincé
! Je donne mon nom, cours à ma voiture, emprunte les Champs-Élysées
que je trouve si beaux en ce jour de pluie et hop, en moins de temps qu'il n'en
faut pour le dire, je suis à l'autre boutique.
Là, je donne mon nom et effectivement, ils m'attendaient. Ils me font
asseoir, et quelques instants après, la vendeuse, charmante, arrive avec
la Sea-Dweller dans ses mains finement manucurées.
La suite ? Ben, je l'ai achetée tiens ! Voici
pourquoi :
La Sea-Dweller fait partie de série Oyster Perpetual Date. Voyons d'abord ce qui se cache derrière cette dénomination composite.
Oyster ("huître" en français)
est la série étanche de Rolex depuis les années 30.
En ces années folles, l'enjeu lié à l'étanchéité
était tourné vers la poussière et la transpiration, voire
les ruissellements, mais en aucun cas l'immersion de la montre. Rolex, dont
le génie du marketing ne date pas d'hier, sentant arriver les années
du loisir et de l'activité en plein air poussa le concept un peu plus
loin et rendit sa montre si étanche que l'immersion devint possible.
Pour annoncer clairement au monde entier que la première montre qui pouvait
vous accompagner même lors de vos baignades était née, Rolex
sponsorisa un événement sportif de l'extrême : la première
traversée de la manche à la nage par une charmante jeune fille.
Rolex passa au poignet de la belle, prénommée Mercedes, une montre
bracelet étanche pour l'accompagner dans son épreuve. La première
montre étanche était née. La brave Mercedes avait tiré
dans son sillage, à la force de ses petits bras musclés la légende
Rolex qui l'a bien dépassée par la suite.
Sur le plan de l'étanchéité, la Sea-Dweller est la plus aboutie puisqu'elle est située tout en haut de l'échelle chez Rolex, donnée pour une résistance à la pression jusqu'à 4000ft/1220m (122 ATM).
Et ce n'est pas que du marketing. En effet, un afficionados de la Sea-Dweller, Pol, qui en avait la possibilité technique a fait descendre la sienne en pleine mer à 1200m ! Lisez ici cette aventure pour le moins extraordinaire.
Dans la terminologie de Rolex, "Perpetual" signifie que la montre est automatique. En 1932, même si l'idée de profiter des mouvements de la montre pour la remonter n'est pas nouvelle, Rolex a l'idée géniale de monter un rotor lourd qui peut faire des tours complets sur un axe et de profiter de ce balourd pour remonter la montre. La montre automatique à rotor était née.
Enfin, "Date", signifie qu'elle présente le quantième (date), on s'en serait douté et là, Rolex n'a pas de fait d'arme à son actif. Enfin, 2 sur 3, c'est pas mal quand même non ?
Dans cette série Oyster Perpetual Date, on trouve, entre autres, l'un des best seller de Rolex, la Submariner. La Sea-Dweller semble être considérée par Rolex comme une Submariner, professionnalisée (le manuel d'instruction qui est fourni avec la Sea-Dweller est en fait celui des Submariner).
L'histoire de la Sea-Dweller est assez intéressante
car très trouble et les experts de tous poils s'affrontent sur ses détails,
y compris avec les gens de Rolex. Je vais tenter de vous faire tout de même
un bref résumé, sans entrer dans les détails sujets à
la polémique.
Si l'on en croit Rolex, elle a été conçue spécifiquement
pour un usage, la plongée profonde, et pour une équipe de plongeurs
professionnels, ceux de la COMEX (la Compagnie Maritime d'Expertise).
La légende veut que ce soit la COMEX qui ait sollicité Rolex leur
demandant de leur fournir des montres capables de supporter les contraintes
liées aux plongées avec séjour prolongé à
grande profondeur, en atmosphère saturée. Ce détail était
important car il nécessitait l'adjonction d'une valve à hélium
sur la montre. La première réponse de Rolex fut une Submariner,
une 5513 (Submariner sans date 600ft/200m à verre acrylique très
jolie, d'ailleurs), modifiée spécialement pour offrir cette fonctionnalité.
Le concept ayant fonctionné à merveille, Rolex décida d'industrialiser
la montre, la renforçant au passage et sortit en 1971 la première
Sea-Dweller, la 1665. A ce sujet, une polémique fait rage car Rolex affirme
avoir sorti ce modèle en 1967. Peut-être que Rolex considère
que le prototype sur base 5513 marque le début de la lignée Sea-Dweller
? Peu importe, son nom officiel était, en 1971, "Sea-Dweller Submariner
2000" et il était écrit en rouge sur le cadran. Elle était
étanche à 2000ft/610m et possédait un verre bombé
en acrylique toujours, des épaules de protection de la couronne, une
couronne Trip-Lock (à trois joins toriques) mais elle possédait
une lunette bidirectionnelle. L'inscription en rouge disparut en 1973 (quoique
certains affirment qu'en 1977, Rolex la proposait toujours) en même temps
que quelques aménagements étaient opérés sur la
1665. Elle était alors équipée d'un Calibre 1570, à
26 rubis et certifié Chronomètre.
En 1980, mais la date est incertaine, la Sea-Dweller fut profondément remaniée pour être dotée d'un verre en saphir, un mécanisme stoppe seconde, un changement de date rapide, une nouvelle valve à hélium et une lunette unidirectionnelle. Son étanchéité a été portée à 4000ft/1220m du même coup et elle porte désormais la référence 16600.
Ce petit morceau d'histoire a son importance car il procure à la Sea-Dweller un côté Instrument pour Professionnel, terme qui fait partie du discours marketing de beaucoup d'autres marques. Cela ajoute à la légitimité de cette montre qui est tout de même très surdimensionnée pour les aventuriers dans mon genre. Cependant, à l'instar de la MoonWatch de Omega, c'est un morceau de légende que Rolex nous propose de porter au poignet, moyennant une somme rondelette tout de même.
La Sea-Dweller est une très belle montre, sportive, massive mais élégante. Elle ressemble énormément à sa petite sur, la Submariner. D'un style sobre, je trouve qu'elle peut être indifféremment portée avec un costume ou un T-Shirt.
Quand on la prend en main, on est tout de suite marqué par la qualité de construction. Mais nous allons détailler tout cela dans cette revue.
La boîte de la Sea-Dweller est en acier inoxydable, type 904L. Sa finition est irréprochable, mais on pouvait s'y attendre dans cette gamme de prix. Elle présente deux types de finition : un très beau poli miroir impeccable sur les côtés, et un brossé sur le dessus.
C'est une grosse boîte qui fait un diamètre théorique de 41,5 mm
mais en réalité, ses dimensions sont de 46,5 mm du bout d'une
corne à l'autre, et 43,5 mm en comptant la couronne. L'épaisseur
est de 14,8 mm. Ceci est à rapprocher de celles d'une Submariner
"normale" qui fait, sans la loupe, 12,8 mm. La Sea-Dweller dont
le fond a été renforcé pour d'évidentes raisons
de résistance à la pression est donc assez haut perchée
sur le poignet. Cependant, la forme enveloppante du boîtier dont les cornes
descendent sur les côtés la rend très confortable. Combinée
au bracelet Oyster décrit plus loin, elle se cale parfaitement sur le
poignet et ne tourne pas.
Le fond de 35,5mm de diamètre est bien sûr vissé et muni
du système d'ouverture Rolex qui a deux avantages : D'une part il est
joli, d'autre part il permet d'ouvrir la montre sans laisser de marques car
l'outil spécifique ne peut pas riper.
Au centre de ce fond une pastille, brossée, de 20mm de diamètre
et vierge de tout marquage, reçoit à la sortie de l'usine une
sorte d'autocollant vert frappé du logo Rolex et de la référence
du modèle, dorés. La peinture verte assez difficile à enlever
contient un hologramme qui présente un motif reprenant le nom de la marque
stylisé. Cet autocollant permet par son épaisseur d'empêcher
le positionnement de l'outil, et donc l'ouverture du boîtier entre sa
sortie de l'usine, pardon, la manufacture, et le moment où vous partez
avec de chez le marchand. Rassurant. De plus, par la sophistication de sa fabrication
(les hologrammes dorés sont dans la peinture/colle verte !), il garantit
que vous avez à faire à une montre originale.
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Entre la piste du système d'ouverture et la pastille centrale, un anneau poli est le siège de l'inscription : ROLEX OYSTER encadré par deux couronnes à 5 branches et ORIGINAL GAS ESCAPE VALVE. Cette inscription est en noir, probablement peinte sur une gravure laser. |
A 9 heures, sur la tranche du boîtier, on découvre la valve à hélium. Cette valve est automatique et est constituée de titane. Le fonctionnement et l'intérêt de cette valve sont respectivement exposés dans les revues de la Omega SeaMaster Professional et de la Breitling Colt Super Ocean Professional.
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![]() Les éléments constituant la valve ancien modèle (pour la SD 1665) |
Il faut noter que la valve nouveau modèle est remplacée lors des révisions car elle ne se démonte pas. En effet, le tarage de l'ancien modèle démontable était aléatoire du fait de la façon de la monter :
Inutile de dire qu'avec cette procédure, le tarrage du ressort est assez different d'un montage a l'autre !
La valve moderne, "sans entretien" donc, est tarée pour s'ouvrir lorsque la pression à l'intérieur de la boîte est supérieure de 2,5 à 5,5 kg/cm2 (soit 2,5 à 5,5 ATM) à celle régnant à l'extérieur.
La boîte de la Sea-Dweller est donc une belle boîte,
bien fabriquée et construite pour résister aux pressions élevées
qui règnent à 1200 m de profondeur. Malgré un poids conséquent,
elle est très confortable grâce à sa forme en particulier.
La lunette de la Sea-Dweller est de type plongeur et fait 39,5 mm de diamètre extérieur pour 3,5 mm environ d'épaisseur. D'aspect identique à celle d'une Submariner, elle est en acier, polie sur le côté et munie d'un insert noir brillant sur le dessus.
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Elle est munie d'une échelle de temps pour autoriser le minutage des plongées ou de l'horodateur. Les dizaines de minutes de 10 à 50 sont écrites en chiffres arabes argentés tandis que toutes les cinq minutes sont marquées par un gros trait. Les minutes de 1 à 15 sont marquées par des petits traits. Elle est dotée, à 12h, d'une capsule luminescente sous une petite glace en saphir. Tout cela est fort bien fait et supporte sans problème une inspection minutieuse sous la loupe 10x. |
Le tour de la lunette est crénelé afin d'en faciliter la manipulation. Ces dentures sont particulièrement acérées et efficaces : la lunette ne glisse absolument pas lorsqu'on la fait tourner.
Elle est mono directionnelle à cliquet, par pas d'une demi-minute. Détail de conception particulièrement intelligent et rassurant si l'on décide de marcher sur les traces de la COMEX en se passant d'ordinateur : pour réussir à la faire tourner, il faut appuyer dessus, assez fort, relâchant ainsi le frein. Sinon, la résistance est telle qu'elle empêche tout mouvement accidentel.
Cette lunette est donc une belle pièce qui
ne présente aucun jeu. Pour ce qui est de sa tenue dans le temps, il
suffit de regarder des Sub's qui ont 30 ans pour voir que cette pièce
à l'air de supporter assez bien les outrages du temps.
La couronne est située très classiquement à trois heures.
Elle est protégée,
depuis la naissance de la Sea-Dweller en 1971, par deux grosses épaules.
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D'un diamètre de 7 mm pour une largeur de 4 mm, elle est en acier poli, crénelée et frappée à son extrémité de la couronne à cinq branches soulignée par trois petits points (témoins du système Triplock !). Sa préhension est très bonne. |
Elle est munie du système d'étanchéité Triplock à cinq joints toriques. Le tube sur laquelle elle est vissée est d'un diamètre impressionnant et présente un usinage très sophistiqué. Le Tube est fait de la même matière que la carrure, de l'acier dans le cas de cette SeaDweller. Avant, ce tube était en Maillechort. |
Système Triplock à 5 joints (image d'origine Rolex) |
Le ressort qui l'éjecte en position remontage
est très fort mais son revissage est très facile car les filets
du pas de vis mordent très facilement. L'impression de solidité
qui se dégage lorsque l'on dévisse la couronne est tout simplement
extraordinaire.
Le système de la couronne de cette Sea-Dweller
est de loin le plus sophistiqué que j'ai vu et sa solidité est
légendaire.
Après avoir doté ses modèles sport d'une glace en Plexiglas bombée, et bien entendu la Sea-Dweller ne faisait pas exception, Rolex a décidé en 1980 de doter ses montres d'une glace en saphir. L'avantage du saphir sur le Plexiglas est bien entendu sa dureté et donc le fait qu'il soit potentiellement impossible à rayer. Les verres en Plexiglasétaient eux très sensibles aux rayures et ils devenaient rapidement dépolis lors d'un usage intensif de la montre dans des conditions aussi extrêmes que la plage ou la randonnée. L'avantage était cependant d'offrir une transparence inimitable (certainement due au bombé plus qu'au matériau) et la possibilité de le repolir en cas de rayure.
Mais, pour contenter le marché qui commençait
à réclamer des verres inrayable, Rolex a opté pour le saphir,
abandonnant au passage le bombé. Et c'est bien dommage. En effet, j'ignore
pour quelle raison, Rolex n'a pas jugé nécessaire de doter ses
verres d'un traitement antireflet, au moins à l'intérieur. Et
du coup, ce verre est particulièrement sujet aux réflexions parasites,
du cadran, des index et des aiguilles d'un côté, de l'environnement
de l'autre. Même si la lisibilité du cadran ne s'en trouve que
partiellement altérée, cela me gêne un peu, habitué
que je suis aux verres incroyablement invisibles de mes autres montres (Breitling
Super Ocean Professionnal en particulier).
Sinon, c'est une jolie glace, parfaitement plate de 29,5 mm de diamètre
et qui dépasse le plan de la lunette d'un millimètre environ,
montrant une arrête biseautée.
Détail qui a son importance, pour moi en tout cas, la Sea-Dweller est la seule Rolex à proposer la date sans avoir de loupe sur le verre. Et moi, la date, je ne peux pas m'en passer, mais la loupe je n'aime pas. Donc la Sea-Dweller était la seule possibilité pour moi et c'est tant mieux. Rolex clame d'ailleurs que la gamme est suffisamment diversifiée pour que chacun y trouve celle qu'il aime, ce qui est donc assez exact.
Inrayable certes, mais très visible, cette
glace est d'une épaisseur respectable et devrait résister à
tous les mauvais traitements, ou presque. Cependant, j'aurais beaucoup apprécié
un traitement antirefletà l'intérieur au moins.
La Sea-Dweller est une montre professionnelle de
plongée et son cadran présente donc les caractéristiques
de ce type de montres : pas de fioritures, que du fonctionnel.
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Appartenant à la lignée Submariner, son cadran est tout simplement celui de la Submariner Date fond noir, à part la littérature bien sûr. |
Certains lui reprochent d'être un peu trop
chargé. C'est une affaire de goût, mais moi je l'aime bien ce cadran.
Il est à fond noir, sans chiffres. De prime abord, on peut être
frappé par le fait que ce fond soit brillant alors que l'on aurait pu
s'attendre, de la part de ce genre de montre "instrument", de présenter
un fond mat. Mais lorsque l'on apprend qu'il est en émail, chose suffisamment
rare de nos jours pour être signalée, on comprend mieux cet aspect.
L'émail étant un matériau très cassant, les trous
ne sont pas pratiqués une fois le cadran émaillé mais avant.
Cela explique pourquoi les arrêtes au bord des deux évidements
du cadran (le trou pour laisser passer les axes des aiguilles et le guichet
de la date) ne soit pas brusques mais au contraire, en léger biseau,
très progressif. La maîtrise de la qualité de ces pentes
douces est une autre preuve de l'attention que doit porter Rolex à la
fabrication de ces cadrans.
Enfin, il est parfaitement plat et régulier, la moindre erreur de ce
point de vue ne pardonnerait pas étant donné qu'il est brillant.
Là encore, la qualité de fabrication dont Rolex sait faire preuve
ne peut pas être mise en défaut.
La montre présente son identité sur
à peu près tout l'espace disponible. C'est surtout cela qui fait
que le cadran peut paraître chargé. Au 12, la couronne à
5 branches, logo de la marque, souligné par "ROLEX" en blanc
et en majuscules sérifées. Au-dessous, on peut lire "OYSTER
PERPETUAL DATE", dans une autre fonte, blanche, sans sérif et plus
petite.
Au six, dans la même fonte, dans l'ordre, du haut vers le bas : "SEA-DWELLER",
puis, au-dessous, les performances de la bête "4000 ft / 1220 m",
puis "SUPERLATIVE CHRONOMETER" et enfin, "OFFICIALLY CERTIFIED".
Au-dessous de l'index du 6, on peut lire l'incontournable "SWISS MADE"
en tout petit. Ouf ! Plus de 100 caractères pour cette montre, qui n'en
manque pas certes. Bien sur tout ceci est fort bien peint et sans défaut,
aucun.
Tout autour du cadran courre une échelle marquant les minutes par des petits traits blancs, très fins. Les heures sont marquées par des petits traits légèrement plus épais, blancs également. Les marquages de 29 et 31 minutes ont laissé leur place au "SWISS MADE" précédemment cité. Toutes ces impressions sont réalisées avec perfection.
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Des index en or blanc et
appliqués marquent les heures : un long triangle à 12 heures,
des disques à 1, 3, 4, 5, 7, 8, 10 et 11 heures, des rectangles
à 6 et 9h.
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Ces index sont creux et remplis d'une peinture luminescente,
parfaitement blanche et très efficace. Elle brille très fort dans
les quelques dizaines de minutes qui suivent sa plongée dans le noir
et cette brillance décroît lentement pour se stabiliser à
un niveau tout à fait honorable. Les index sont fabriqués et appliqués
avec une précision diabolique. A la loupe 10x, il est absolument impossible
de déceler le moindre défaut.
Les aiguilles sont, caractéristiques des Rolex de sport, les fameuses aiguilles Mercedes, tellement copiées. L'aiguille des heures est de type squelette avec le fameux cercle contenant l'étoile à trois branches. L'aiguille des minutes est une lance. La réalisation en est sans faille. Elles sont en or blanc également et recouvertes de peinture luminescente blanche.
La trotteuse, ou seconde centrale, est une fine baguette avec un petit disque blanc luminescent à peu près à la moitié de sa longueur, également en or blanc. Dans la partie "non utile", elle présente un petit disque, pour faire contrepoidsà l'aiguille et épargner l'axe. L'aiguille des minutes ainsi que la trotteuse se prolongent bien jusqu'aux marquage, ce qui me va à ravir.
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Au trois, le classique guichet pour la date, parfaitement rectangulaire. La date est imprimée en noir sur fond blanc, et malgré sa très petite taille, la lisibilité est très bonne. |
D'habitude, je préfère quand la date est imprimée en blanc sur fond noir pour les montres à cadran noir. Dans ce cas précis, le fond blanc du guichet répond aux index rectangulaires de 9 et 6 heures, équilibrant le cadran. Faire la date en blanc sur fond noir aurait été une erreur que Rolex n'a pas commise.
Le recours à des matériaux très
stables dans le temps tels que l'émail et l'or permettent d'augurer de
la bonne tenue de ce cadran après des années de sévices.
D'ailleurs, il suffit de regarder là encore de vielles Sub's des années
60 pour se rendre compte de la longévité de ces cadrans. La seule
inconnue concerne la peinture luminescente sans tritium et sa tenue dans le
temps, tant sur le plan de sa luminescence que sur celui de sa couleur qui au
départ est d'un blanc parfait et immaculé.
La Sea-Dweller est équipée en standard
d'un bracelet de la série Oyster, comme toutes les montres de la série
Submariner, mais qui lui est spécifique. Il porte la référence
93160A.
Les bracelets ne sont pas le point fort de Rolex. Certaines marques fournissent, pour un prix souvent bien inférieur, des bracelets de bien meilleure qualité.
Cependant, Rolex a fait un effort sur ce point et la Sea-Dweller a, là encore, ouvert la voie pour toute la série. En effet, c'est sur la Sea-Dweller que sont apparues les pièces de bout massives. Auparavant, toutes les Sub's étaient équipée de pièces de bout constituées d'une feuille d'acier emboutie.
A la demande du marché
et face à une concurrence qui prenait le large au niveau des bracelets,
Rolex a généralisé ces pièces de bout massives
(les fameux bracelets SEL, pour Solid End Link sur les forums anglophones),
et c'est très bien. Ces pièces de bout sont très
bien réalisées et s'ajustent impeccablement entre les cornes.
L'entre-corne est de 20 mm. L'ajustement en est si fin qu'il permet
d'empêcher le bracelet de se détacher si l'une des tiges
de la pompe sortait de son trou : la pièce de bout n'aurait pas
assez de débattement pour que la seconde tige sorte de son logement.
D'autre part, les tiges de pompe rentre très profondément
dans la carrure rendant la flexion de la pompe quasi impossible.
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Notez également les trous sur le dehors des cornes. Ces trous permettent de démonter le bracelet en introduisant une tige dans ce trou et en poussant les tiges de pompe. C'est ce qui explique l'absence d'encoche sur la pièce de bout massive. Ce système permet de démonter le bracelet très facilement, sans risque de déraper avec l'outil ce qui peut conduire à marquer la boîte. Ce système est en train de disparaître sur la gamme 2003.
Le bracelet est sinon constitué de maillons en acier très bien finis et assemblés avec des vis. L'ajustement ne se fait que par maillons entiers. Les trois berlingots constituant chaque maillon sont brossés dessus et dessous. Les côtés de chaque maillon sont eux polis. J'aime cet aspect entièrement brossé. Cela augmente le côté instrument de professionnel de la montre et rend le bracelet plus résistant aux rayures.
Mais, le gros défaut, et le mot est faible, de ce bracelet est sa boucle déployante. Comment Rolex a pu négliger cette pièce à ce point ? La boucle est tout simplement indécente pour une montre de ce prix !
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Elle est intégralement réalisée en tôle d'acier emboutie. Elle présente un fini brossé sur le dessus et poli sur les côtés. Elle est frappée de la couronne et tente maladroitement de reproduire la forme des maillons. Elle dispose bien entendu d'un étrier de sécurité fini à l'unisson. |
Les deux lames de la partie déployante sont en tôle emboutie et
pliée, frappées du logo vintage de Rolex, avec les arabesques.
Elles sont encore plus décevantes que la partie extérieure de
la boucle. Elles dégagent une impression de fragilité assez gênante.
Deux nervures pratiquées à l'emboutissage empêchent juste
qu'elles ne se plient. Mais cette apparente fragilité n'est pas réelle.
Enfin, elle est munie d'une rallonge pour porter la montre par-dessus une combinaison de plongée, en tôle, elle aussi, mais par contre dotée d'un très ingénieux système de blocage de la rallonge dans la boucle.
Il faut noter également, au chapitre des bons points de cette boucle, la possibilité de régler très finement la longueur par pas de deux millimètres grâce aux trous dans lesquels viennent se loger les pompes de fixation du bracelet.
Bon, et puis elle ferme très bien et possède la réputation d'être particulièrement solide. Cette boucle est donc en réalité très efficace, beaucoup plus que son aspect ne pourrait le laisser penser.
Ce système est basé
sur un maillon dans lequel est usiné un sillon qui vient se bloquer
sous l'axe de la rallonge.
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Rolex fournit deux rallonges avec le bracelet :
une longue (L) et une courte (S) selon la combinaison.
A cause de la rallonge, la boucle est très épaisse (6,5 mm) et
très longue (40mm). Comparée à celle d'une Submariner sans
la rallonge, elle est tout simplement énorme.
Ce bracelet est très confortable et il ne
tire pas les poils. Son poids total assez élevé équilibre
celui de la montre qui ne tourne pas du tout sur le poignet.
Finalement, les maillons qui sont fort bien finis
et assemblés avec des vis, le système de blocage de la rallonge
très ingénieux, et les pièces de bout massives font de
ce bracelet une belle réalisation qui aurait mérité une
boucle digne d'elle. Avec une boucle d'un niveau de finition équivalent
à celui de la boucle de l'Omega SeaMaster Professional, le tableau eut
été parfait. Quel gâchis !
Rolex est une manufacture, l'une des dernières.
Les mouvements qui animent les Rolex d'aujourd'hui sont tous fabriqués
par la manufacture. Jusqu'en 2000, les Oyster Perpetual Cosmograph Daytona étaient
équipées d'un mouvement d'origine Zenith, le El-Primero 400, dégonflé
à 28800 alt/heures et qui avait perdu la date au passage.
Tout est maintenant rentré dans l'ordre et Rolex peut afficher un "100%
de nos mouvements sont fabriqués par nos maîtres horlogers".
Ca vaut mieux pour la bataille à mort engagée par les marketings
actuels de nos chers fournisseurs de tocantes.
La Sea-Dweller étant une sous-référence de la ligne Oyster Perpetual Date, elle est dotée, comme toutes ses petites surs d'un Calibre 3135 depuis 1988, année de sortie de ce mouvement.
image d'origine Rolex
Il faut noter ici que le mouvement sans date est le calibre 3000, dérivé du 3035, qui est assez différent du 3135 que je vais vous présenter ici. La différence entre une Submariner sans date et une avec n'est pas seulement extérieure, elle est aussi dans la boîte.
Il est difficile d'obtenir des informations sur
ce mouvement de la part de Rolex. Leur catalogue ne donne pas plus d'éléments
que leur site web ou même les manuels fournis avec la montre. Cependant,
je vous livre ici un certain nombre d'informations que j'ai réussi à
glaner par-ci par-là.
Le 3135 est le mouvement automatique avec date et
seconde centrale de Rolex.
Ce mouvement est connu pour sa fiabilité et sa solidité, Rolex
affirmant même fièrement que tout ce que votre bras supportera,
votre Rolex le supportera. Ils parlent même de cette activité pourtant
classée au rang des Criminels de Guerre de l'horlogerie : le Golf ! Bon,
Tiger Woods est l'ambassadeur de Tudor (sous-marque de Rolex) et cela ne doit
pas être étranger à cette nouvelle corde à l'arc
de la marque à la couronne à cinq branches. Néanmoins,
il est vrai que ce mouvement est conçu pour résister à
beaucoup de choses.
Je n'ai pas ouvert la montre mais d'après les photos que j'ai vues, il est admirablement bien fini, avec un bouchonnage fin de tous les ponts et un rotor brossé. Il ne présente pas de finition "Côtes de Genève", certainement pour se démarquer.
image propriété
de son auteur
Ce mouvement porte dans ses gênes des caractéristiques de conception
d'un autre âge ce qui le rend assez exceptionnel dans le paysage actuel.
Bien né et sous le signe de la qualité, mais aussi de l'économie
intelligente, il est doté, fait assez rare d'un pont de balancier ajustable
en hauteur (par des rondelles dorées que l'on ajuste en les tournant
après avoir démonté le pont - on les aperçois sur
la photo ci-dessus) , d'un spiral de Breguet et d'un balancier assez peu commun
: le balancier Microstella.
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Ce balancier monométallique à quatre bras, en Glucydur pour la compensation en température, est doté de quatre masselottes (deux petites et deux grandes) à l'intérieur de la serge qui permettent d'ajuster son moment d'inertie . Ce système est apparu sur le mouvement 1530 (avec 2 vis à l'époque contre 4 maintenant) et permet d'ajuster la fréquence d'oscillation du balancier. Sur le 3135 (et le 3035 d'ailleurs) les tiges filetées sont solidaires de la serge, alors que sur le 1530 les tiges sont solidaires de la masselotte. Au passage, sur le 1530, comme sur le 3000, les masselottes sont à l'extérieur de la serge. |
Cette approche permet de faire l'économie d'un système d'ajustement agissant sur la longueur utile du spiral. C'est le même principe, en moins sophistiqué certes, que celui des balanciers Patek Philippe, les balanciers Gyromax. Sur le 3135, les masselottes sont disposées à l'intérieur du volant ce qui permet d'avoir un diamètre du balancier plus important à encombrement identique (par rapport à des masselottes externes à la serge). Un balancier de plus grand diamètre permet d'assurer une plus grande régularité de marche par un moment d'inertie plus élevé et donc un sensibilité moins grande aux accélérations engendrées par les mouvement du porteur et les chocs.
Ce type de système demande un peu plus de minutie lors du réglage de la fréquence de pulsation du balancier que lorsqu'il suffit de jouer sur la raquette pour modifier la longueur utile du spiral. D'un autre côté, ce réglage est moins empirique du fait que l'outil à utiliser, la Clef Microstella (fournie par Rolex et très jolie d'ailleurs), présente des graduations qui permettent d'ajuster finement et rationnellement la fréquence : chaque graduation correspond à deux secondes par 24h pour les grandes masses, une seconde pour les petites. Pour conserver l'équilibrage du balancier, l'horloger doit agir sur les deux vis opposées de la même manière. La mesure de l'angle duquel on fait tourner la vis est assurée par un balancier monté sur l'axe de l'outil qui tourne dans une cage transparente qui porte les graduations.
La Clef Microstella
Outil Rolex Ref. 2019 (Image d'origine Rolex)
La Clef Microstella
en action (Image d'origine Rolex)
Enfin, le dérèglement du système est quasiment impossible et seuls, l'usure et le vieillissement des huiles agissent sur la régularité de marche, lentement.
Les caractéristiques techniques de ce mouvement sont les suivantes :
· Date de naissance : 1988
· Mouvement automatique se remontant dans les deux sens grâce à un rotor
· Diamètre : 28,5 mm (12,5 lignes)
· Épaisseur : 6,0 mm
· 31 rubis
· Spiral de type Breguet
· Balancier en Glucydur à quatre bras avec système d'ajustement Microstella
· 28800 alt/heure
· Réserve de marche 50 heures
· Homologation COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres)
· Balancier et roue d'échappement dotés d'un antichoc Kif
· Dispositif stoppe seconde
· Changement de date rapide
Au remontage, situation très rare selon la
brochure Rolex, la sensation de douceur est fantastique et le cliquetis très
délicat.
Mon exemplaire de ce 3135 est fort bien réglé. Les aiguilles sont
impeccablement alignées à 12h, ce qui dénote également
d'un alignement parfait du cadran. La date saute d'un seul coup vers 00:02:30
sans aucun signe avant coureur.
Il est certifié par le COSC, contrairement au calibre 3000 qui équipe la Submariner sans date et l'Explorer tout court. Jusqu'ici, sa précision de marche est sans faute puisque la montre avance de 2 secondes par jour, et ce chaque jour. Elle a donc visiblement été réglée pour cela, comme c'est l'usage.
Les mouvements Rolex ont leurs fans et leurs détracteurs. Le mythe et les prix Rolex suscitent des réactions d'agacement de certains, ne pardonnant rien à Rolex. Je ne suis pas horloger mais ce que j'ai pu lire au cours de mes recherches me conforte dans l'idée que ce mouvement est un bon mouvement, bien conçu et bien fabriqué. Sa fiabilité est assez légendaire et les forums de montres regorgent de témoignages de gens qui affirment avoir leur Submariner qui fait tic tac depuis 15 ans à leur poignet sans jamais avoir fait de révision.
Tout ceci ne serait pas complet si nous n'abordions pas le sujet du packaging. Comme je l'ai déjà dit dans mes autres revues, je suis sensible à la qualité de la boîte accompagnant une montre de ce prix.
La montre est livrée dans une boîte en bois,
verni à l'intérieur, recouverte de cuir vert avec la couronne
gaufrée sur le couvercle. A l'intérieur du couvercle est imprimé
en vert le logo de la marque. Dans la boîte, la montre est présentée
sur un petit coussin rectangulaire en velours brun clair, lequel est enveloppé
dans une pièce de ce même velours.
Accroché au bracelet par une cordelette verte et or, pend un petit sceau
en plastique rouge. Sur une face le logo de Rolex en hologramme doré
est entouré de "ROLEX WATCH CO. LTD." puis "GENEVA-BIENNE".
Sur l'autre face, le mot "SWISS" entouré de "OFFICIALLY
CERTIFIED CHRONOMETER"
Dans une petite pochette en
plastique, Rolex nous "offre" une petite ancre de marine en
métal accrochée à une petite chaîne qui atteste
de la garantie du niveau d'étanchéité de la montre
(4000 pieds d'un côté, 1220m de l'autre). Bon, j'ai cherché
et je n'ai pas trouvé à quoi pouvait bien servir ce gadget.
Je l'ai donc, en désespoir de cause, pendu au rétroviseur
de la Porsche.
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Une montre de ce rang ne saurait être livrée sans ses papiers. Là, Rolex fait fort. Dans un portefeuille en cuir vert frappé en son coin de la couronne dorée, on trouve : l'attestation de chronomètre qui sert également de garantie, une table de décompression constellée de logo et plastifiée pour mettre dans la poche quand on va plonger à Urgada, un petit manuel avec la traduction de la garantie dans moult langues, un calendrier de deux ans tout con ( ???). Dans une petite poche à rabat on trouve la rallonge supplémentaire pour le bracelet, une pompe pour la rallonge et le maillon en rab.
Enfin, en haut du portefeuille, est glissé un petit outil (tournevis et chasse goupille avec petits capuchons) en aluminium très mignon qui permet de bricoler le bracelet : changer les maillons et la rallonge mais également de le démonter. Dans le manche de cet outil, Rolex a placé un trésor qu'au bruit (car je ne l'ai pas ouvert) j'identifie comme des vis ou une pompe supplémentaires pour le bracelet. Cet outil arbore fièrement une référence : ROLEX REF.2100
Enfin, deux manuels d'utilisation très avares en commentaires techniques décrivent la montre : l'un pour toutes les Oyster, l'autre pour toutes les Sub's. Ces deux manuels font plus penser à de la publicité pour la gamme qu'à des manuels utilisateurs. A ce sujet, un petit effort de segmentation sur les modèles présentés serait le bienvenu : je viens d'acheter une Sea-Dweller que je pense être quand même une montre sportive et tous les modèles illustrant les explications sont des modèles empierrés ou deux tons.
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Tout ce joli fatras est livré dans une sur-boîte
en carton sur laquelle est imprimé un motif de roche à dominante
verte générique à toute la gamme Oyster. La seule allusion
au modèle qu'elle est sensée contenir est une étiquette
comme celle donnant les prix dans les supermarchés indiquant laconiquement
"16600" et une gommette ronde noire, vraisemblablement pour la couleur
du cadran.
Une Rolex n'est pas une montre comme les autres.
Monsieur Hans Wilsdorf qui fonda Rolex a fait entrer sa manufacture dans la
légende par une maîtrise parfaite des techniques de marketing d'une
part (par exemple, le nom Rolex fut choisi facilement mémorisable et
prononçable dans toutes les langues), une réelle volonté
de conserver ses designs à forte identité d'autre part, mais également
par la très grande et très constante qualité de ses produits.
La Submariner a marqué l'histoire de la montre
bracelet de manière indélébile : il n'y a qu'à voir
le nombre de montres de sport dont le design s'inspire plus ou moins bien, plus
ou moins honnêtement de celle-ci. La Sea-Dweller constitue donc un summum
pour un amateur de montres de sport comme moi.
On peut, à juste titre s'insurger contre la politique de prix actuelle
de Rolex : +25% tous les ans depuis trois ans, et ce n'est pas fini, c'est vraiment
trop. Mais voilà, les gens continuent à acheter, alors pourquoi
se priveraient-ils ?
Du coup, cette montre coûte une véritable fortune pour une montre qui ne donne que l'heure et la date. Cela rend d'autant plus difficile à accepter la faute commise sur la boucle du bracelet.
Mais voilà, une Rolex, c'est un rêve de gosse et une fois digérée la douloureuse, il reste une montre vraiment très belle, avec une personnalité très marquée et d'une très grande qualité. Et puis, pour se consoler on peut se dire qu'une Rolex, ça ne perd pas de valeur donc les 26.180FF (3.990€), il sera toujours temps de les récupérer si vraiment tout va mal.
Amitiés
Bruno Cracco - Octobre 2001 (mise à jour octobre 2003, Octobre
2006) pour La Passion des Montres
Le site de Rolex, bien
sûr : www.rolex.ch
une animation 3D trouvée sur le site de Rolex qui propose un voyage à
l'intérieur d'une montre : insidearolex.mpeg (4Mo)
L'incroyable plongée à -1200m d'une Sea-Dweller par Pol Palacios
: J'ai envoyé ma Sea-Dweller
par le fond