Revue rapide de mes objectifs
EF (Système EOS)
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L'ultra grand angle est un objectif
intéressant pour plusieurs raisons. La première est de pouvoir
embrasser un très large champ ce qui rend des services quand le recul
manque pour photographier des objets monumentaux. Ensuite, il mène naturellement
à rentrer dans son sujet en s'en rapprochant beaucoup, ce qui est très
bénéfique au résultat photographique. Enfin, il permet
de jouer avec les perspectives et les lignes de fuite pour réaliser des
cadrages originaux.
La contrepartie est l'obligation de porter une attention très soutenue
à ce qui se trouve dans le cadre avant de déclencher, au risque
de se retrouver avec des éléments indésirables dans le
champ.
Mais depuis qu'au siècle dernier je me suis offert un Canon FD 24mm f/2,8
qui m'a fait découvrir les joies du grand angle, je voulais m'offrir
un tel objectif.
Cet ultra grand angle est conçu
pour le format 24x36 et fournit alors un angle de champ diagonal important de
94,5°.
Ce 20mm à très grande ouverture est un objectif de taille très
respectable : il mesure 88,6mm de long, pour un diamètre de 87mm et un
poids de 500g.
La finition est en rapport avec son appartenance à la gamme EX de Sigma, c'est-à-dire de très bon niveau. La finition de l'objectif est de très bonne tenue. Le fût en métal est recouvert d'une peinture noire granuleuse bien réalisée et au touché agréable. Les sérigraphies blanches sont finement réalisée et ajustées. Sous une petite fenêtre, une échelle de distance est visible et permet l'utilisation d'une échelle de profondeur de champ, tout à fait utile en photographie au grand angle (utilisation de l'hyperfocale) où l'on recherche souvent la profondeur de champ maximale.
L'avant du fût porte le liseré doré signalant que l'objectif appartient à la gamme prestige, la gamme EX. Seul un interrupteur AF/MF vient orner l'arrière de l'objectif. Il n'y a pas de limiteur de plage autofocus (à quoi bon d'ailleurs vue la faible amplitude de l'échelle de mise au point du fait de la focale très courte). L'objectif n'est pas tropicalisé, comme aucun objectif Sigma ne l'est d'ailleurs. C'est là l'une des différences fondamentales entre les gammes pros de Canon (et Nikon) et ces gammes supérieures des opticiens indépendants.
Enfin détail qui a son importance,
le diamètre des filtres est de 82mm. Cela implique qu'ils sont assez
rares (les boutiques ont assez peu de filtres de cette taille en stock car ils
sont chers et peu demandés).
De plus, étant donné l'angle de champ de l'objectif, il faut des
filtres à monture ultra fine (slim voire ultra-slim) ce qui achève
d'alourdir la note. Un filtre polarisant circulaire en 82mm "slim",
ce n'est pas très courant, et ça coûte près de 200€.
Ceci dit, un polarisant sur un tel champ, ce n'est pas toujours très
utile, voire même contre productif.
Les performances optiques sont de
bon niveau pour un objectif de ce type.
Pour commencer, la distorsion et parfaitement maîtrisée puisqu'elle
est imperceptible (0,83% en barillet). C'est une bonne nouvelle pour les photos
d'architecture ou de paysage dans lesquelles l'horizon restera rectiligne.
Côté piqué, comme tous les objectifs grand angle à
grande ouverture, c'est un peu mou sur les bords à la pleine ouverture.
Le centre en revanche est bon, dès la pleine ouverture à f/1,8
et devient très bon à f/2, excellent à f/4 et le reste
jusqu'à f/13 où la diffraction commence à entacher les
micros contrastes locaux faisant chuter le piqué.
Sur les bords, de franchement mou (mais exploitable) à f/1,8, la situation
s'améliore rapidement et le piqué en bord de cadre rejoint le
très bon niveau du centre vers f/4-f/5,6 et y reste jusqu'à ce
que la diffraction fasse son apparition.
Le niveau des aberrations chromatiques est élevé (1,5 pixel par endroit) et comme toujours plus prononcé sur les bords qu'au centre. Cette aberration est très facilement corrigée avec les logiciels d'amélioration des images tels que DXO ou autres.
Le diaphragme électronique à neuf lames contribue à des flous d'arrière plan particulièrement esthétiques.
Les reflets parasites (flare) sont assez mal contrôlés, ce qui semble être l'un des défauts majeurs, et récurrent, des optiques produites par les indépendants. Il semblerait que les grands constructeurs, comme Canon par exemple, se soient fait une spécialité de maîtriser cet aspect. Les traitements de surface des lentilles de type SSC prennent là toute leur valeur. Avec cet objectif, il convient donc d'éviter autant que possible d'avoir une source lumineuse puissante dans le cadre. Et avec un tel champ, ce n'est pas toujours facile. Le pare soleil très évasé du fait de l'angle de champ n'est pas d'une aide très décisive sur ce plan. Mais il faut néanmoins le monter car sans résoudre le problème, ça ne fait pas de mal.
Il faut souligner que le vignettage est totalement absent, et ce dès la pleine ouverture de f/1,8. Ceci est vérifié sur le très exigeant capteur du EOS 5D. Sigma dit dans sa pub que l'objectif est conçu pour éviter tout vignettage et force est de reconnaître que ce n'est pas exagéré.
Au niveau rendu chromatique, je trouve que les images sont un peu chaudes (dominante très légèrement jaune). Je signale ce rendu notable, mais agréable et tout à fait modéré, car il conserve une importance en argentique inversible couleur. En numérique, il n'est plus du tout pertinent de signaler ce genre de choses puisque la gestion de la balance des blancs permet de corriger très facilement et très efficacement ce défaut.
Enfin, la mise au point mini à
20 cm permet d'obtenir un rapport de reproduction de 1 :4 avec un effet de perspective
exacerbée qui peut être intéressant et mener à des
clichée bousculant les habitudes.
L'autofocus de cet objectif est à
moteur classique et non pas HSM, l'équivalent chez Sigma de l'USM Canon,
en légèrement moins rapide.
Le système de débrayage de l'autofocus à deux niveaux est
un peu déroutant au début.
Pour désactiver l'autofocus, il faut en effet placer le commutateur sur
MF et tirer la bague de mise au point pour la placer sur le repère MF.
Sinon, elle tourne dans le vide.
A l'inverse, si la bague est sur MF et le commutateur sur AF, la bague tourne
lors de la mise au point, ce qui ralentit fortement la focalisation et accessoirement
doit fatiguer plus vite le moteur AF (on le sent souffrir).
Une fois assimilé la manipulation, ça reste acceptable. Cependant,
on peut se demander pourquoi l'action sur la bague de mise au point ne suffit
pas puisqu'il suffirait de coupler le commutateur AF/MF avec le mouvement avant/arrière
de la bague. Ca ne doit pas être si simple que ça pour qu'ils ne
le fassent pas.
Au final, l'autofocus est assez rapide et ne souffre pas de problème
de précision.
Comme toujours chez Sigma dans la
gamme EX, l'objectif est livré avec son étui souple (semi rigide
en réalité) de très bonne facture et son pare-soleil.
Les performances optiques tout à
fait bonnes pour la catégorie ultra grand angle, associées à
une construction de bonne qualité et une ouverture très pratique
en cas de faible lumière font de cet objectif un très bon compagnon
pour un photographe d'églises ou d'intérieurs.
Le prix "de la rue" de cet objectif qui tourne aux environs de 400€
(2007) achève d'en faire un excellent investissement pour celui qui cherche
un ultra grand angle ultra lumineux de bonne facture.